Le mercredi 11 mars 2020, la Côte d’Ivoire connaissait son 1er cas de Coronavirus. Six jours après, ce sont 5 nouveaux cas qui ont été confirmés, alors que le patient zéro ivoirien aurait recouvré la santé. Le gouvernement a donc pris 13 des mesures drastiques préventives, à compter du 18 mars 2020, pour combattre la prosmicuité et restreindre le regroupement d’individus.
La précarité du système sanitaire ne pouvant garantir que le pays ne connaisse, à ce jour, que 6 cas, ces mesures préventives sont à saluer, même si elles sont loin d’être suffisantes et donnent plutôt un repi politique au RHDP, parti au pouvoir, à qui l’opposition s’apprêtait à faire vivre des jours à venir difficiles. Le gouvernement profiterait donc de la crise épidémiologique pour contrecaler les vélléités contestataires de l’opposition ivoirienne.
En effet, si le timing précipité de l’annonce de confinement partiel des ivoiriens peut dénoter d’une réactivité responsable de la part du gouvernement, n’en démeure pas moins qu’elle entre en vigueur à partir du 18 mars 2020, au lendemain de la clôture de la session parlementaire relative au projet de modification constitutionelle, qui a d’ailleurs été adopté le mardi 17 mars 2020.
Alassane Ouattara a sa nouvelle constitution en main, au grand dam de l’opposition ivoirienne, qui elle ne peut mener aucune action terrain de contestations. le gouvernement ayant, dans la foulée, interdit les rassemblements de plus de 50 personnes, en recommandant le respect d’une distance d’au moins 1 mètre entre les personnes dans les lieux publics. Voilà donc l’opposition confinée!
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Doit-on rappeler la question de la multiplication des centres d’identification pour la Carte Nationale d’Identité et qui a été passée sous silence par le gouvernement, alors qu’elle aurait du être priorisée, pour rester dans l’esprit des mesures qu’il a prises pour éviter les regroupements de personnes. Mais que nenni! On est prêt à sacrifier la santé de tous, mais aussi la sienne , pour servir une volonté de sabotage, à tout prix, du processus d’identification des électeurs pour la prochaine élection présidentielle. Le nombre restreint de ces centres, causant des attrouppements de centaines de demandeurs chaque jour, n’est-il pas de nature à favoriser la propagation rapide de ce virus?
Et ce n’est pas tout, Alassane Ouattara va profiter de ce quasi-confinement decrété en Côte d’Ivoire, pour apporter la dernière touche qui l’aidera à boucler définitivement les élections en faveur de Amadou Gon Coulibaly, alias « pousser-démarrer », le symbole de la jeune génération à laquelle il entend transférer le pouvoir: la modification du code électoral. En effet, » Vu l’épidemie du Coronavirus et avec l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes, le parlement ne peut plus sièger jusqu’à nouvel ordre. Comme la Constitution le permet, le président Alassane Ouattara peut, d’ici là, gouverner par ordonnance. Il pourra donc faire les modifications necessaires au code électoral par ordonnance… » Ahoussou Jeannot, président du Senat, après la session d’adoption du projet de loi modifiant la constitution.
À quelque chose malheur est bon – dit-on. Alassane Ouattara y croit fermement, et cela, sans état d’âme.
Hervé Christ