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International: le discours historique et magistral de Nathalie Yamb à Sotchi

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"... Force est de constater qu’après l’esclavage, la colonisation, les pseudo indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres, mais seulement au sein de l’enclos français." Nathalie Yamb

LIDER News | 25 octobre 2019


Dans un discours de légende qui a fait le tour du monde, l’opposante Nathalie Yamb, Conseillère Exécutive de Mamadou Koulibaly (LIDER), a pris la parole lors du 1er sommet des chefs d’Etat et forum économique Russie-Afrique à Sochi le 24 octobre 2019, pour sonner le glas de la colonisation française en Afrique et souligner la volonté du continent de s’ouvrir au monde, et notamment aux investisseurs russes. Intégralité de son intervention.

Je souhaite en premier lieu remercier les autorités russes et la team Afric pour m’avoir conviée à venir exprimer mon point de vue, celui de mon parti et celui du Prof. Mamadou Koulibaly, candidat à l’élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, sur la souveraineté, les valeurs africaines, les urgences du développement en Afrique et le rôle que la Russie peut y jouer.

Parler d’identité africaine est une chose aisée, car l’identité et les valeurs des Africains ne sont pas différentes de celles du reste de l’humanité : nous avons les mêmes sentiments de solidarité, de compassion, et les mêmes aspirations à la liberté, à la propriété, à la dignité, à la justice.

Pourtant, force est de constater qu’après l’esclavage, la colonisation, les pseudo indépendances, on ne nous a reconnu que le droit d’être libres, mais seulement au sein de l’enclos français. L’Afrique francophone est encore, en octobre 2019, sous le contrôle de la France.

Cela remonte à 1884, lorsque les puissances coloniales se sont réunies à Berlin pour se partager l’Afrique, sans que les Africains aient leur mot à dire. L’Allemagne, l’Angleterre, le Portugal, l’Espagne ont compris, depuis lors, qu’il fallait sortir du schéma de la conférence de Berlin et redéfinir les contours d’une nouvelle coopération avec les pays africains. Pas la France, qui avance sans bouger, en portant des masques, et qui considère toujours que le continent lui appartient.

Les peuples d’Afrique, et particulièrement la jeunesse, revendiquent pourtant de plus en plus vigoureusement leur besoin de démocratie, leur droit à l’autodétermination, le droit de décider avec qui ils veulent commercer, avec quoi ils veulent payer ce commerce, sans qu’on ne les place sous la tutelle d’une ex puissance coloniale qui se présente toujours, sur la scène mondiale, comme notre avocat et porte-parole.

Nous voulons sortir du franc cfa, que Paris, avec la complicité de ses laquais africains, veut pérenniser sous la nouvelle appellation « eco » et qui ne permet aucune industrialisation de l’Afrique francophone. La conquête de notre souveraineté monétaire est capitale, car la seule stabilité que le franc cfa garantit aux pays qui l’utilisent, est celle de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté et de la corruption.

Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises, qui sous le couvert d’accords de défense bidon, ne servent qu’à permettre le pillage de nos ressources, l’entretien de rebellions, l’entrainement de terroristes et le maintien de dictateurs à la tête de nos Etats.

Nous refusons que la France continue d’usurper la voix de l’Afrique au sein de l’Onu, qu’elle soit à la base de quasiment toutes les résolutions concernant le continent.

Les pays d’Asie ont appris à commercer avec les investissements directs étrangers, alors que nous, on nous saoule avec l’aide publique au développement. Résultat : aujourd’hui, eux sont BRICS ou émergents, pendant que nous, en Afrique, nous sommes des mendiants, fiers d’être qualifiés de pays pauvres très endettés.

Cela doit changer, cela va changer, et la Russie a un rôle à jouer dans cette évolution. Mais nous ne venons pas en Russie pour y chercher de nouveaux maîtres qu’on substituera aux anciens. Nous y venons pour y trouver des partenaires pour faire du business gagnant-gagnant, pour la Russie comme pour les pays africains concernés.

L’Afrique regorge de potentialités : une population qui grandit, dont 60% de jeunes de moins de 30 ans, une position géostratégique, d’immenses ressources minières, naturelles, agricoles et humaines.

Sur le plan militaire, la présence de la Russie, qui n’y a pas de tradition coloniale, peut permettre de rééquilibrer les choses dans les pays francophones d’Afrique. L’exemple centrafricain, étayée par Mme la ministre de la défense, est des plus parlants. En Côte d’Ivoire, nous avons un besoin énorme formation militaire, de restructuration de l’armée.

Sur le plan économique, la promesse de Sochi doit être celle de la rupture avec le huis clos actuel appauvrissant, où la France semble avoir verrouillé le domaine de l’eau, de l’électricité, des routes, des ponts, des ports par des monopoles protégés par le gouvernement ou des marchés passés de gré à gré sans aucun appel d’offres, pour nous diriger vers une ouverture de l’économie à tous, et notamment aux entreprises et industries russes dans les secteurs agricole, minier, énergétique, les industries de transformation, la formation, l’éducation… Le littoral ivoirien, qui alterne des lagunes, des fleuves et la mer ; est long de plus de 570 kms et regorge d’un potentiel encore inexploité ou sous-exploité dans le transport maritime et lagunaire ; le désensablement de l’embouchure de 4 fleuves qui peuvent devenir navigables, l’hôtellerie, le tourisme balnéaire, l’habitat de luxe, le transport lagunaire entre les villes du littoral compte tenu de l’état défectueux des routes…

Sur le plan politique et diplomatique, le monde, et la Russie, doivent cesser de nous voir à travers les lunettes déformantes du storytelling méprisant, mensonger  et négationniste français qui nous assujettis. L’Afrique n’a pas besoin de tuteur à l’Onu. L’Afrique n’a pas non plus besoin d’un nouveau propriétaire. Mais la Russie y a sa place comme partenaire dans une logique de commonwealth, d’enrichissement partagé, de collaboration vivifiante et productive entre les secteurs privés respectifs…

Le monde bouge, les lignes évoluent. L’année qui arrive, 2020, est celle des élections présidentielles au Togo, Burkina Faso, Niger, Centrafrique, en Guinée, Côte d’Ivoire. Espérons que celles-ci verront l’arrivée au pouvoir de dirigeants réellement choisis par les peuples, qui privilégieront enfin l’ouverture sur le monde et de nouvelles et innovantes opportunités d’affaires à l’asservissement bête et stupide au colon d’hier et d’aujourd’hui. Je vous remercie.

Source Lider News

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Le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko, recadre Emmanuel Macron

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Monsieur Ousmane Sonko, actuel Premier Ministre Sénégalais

Lors de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs à l’Élysée le 6 janvier 2025, Emmanuel Macron a consacré une large partie de son intervention à l’Afrique. Il a abordé les relations historiques, les défis actuels et les orientations stratégiques de la France.

Dans son allocution affirmait entre outres que « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée » ou encore « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence », Il expliquait également “Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », indiquant que plusieurs de ces pays « ne voulaient pas enlever l’armée française ni la réorganiser ». A la suite de cette sortie jugée irrespectueuse et irresponsables par plusieurs analystes politiques, le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko a réagi pour à porter un démenti cinglant, recadrant de ce fait le président français.

Selon Monsieur Sonko  » Le Président Emanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France. Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains.

Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain. Il déclare, enfin, « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée ». Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté.

Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel.

C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats Africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, Allemande. »

Saint Leo @Leadernewsci

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Les propos de Macron qui banalisent la douleur de la population et scandalisent Mayotte

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Emmanuel Macron visite l´ile de Mayotte après le passage du Cyclone Chido - Photo AFP

Le président français Emmanuel Macron a été hué lors de sa visite à Mayotte, où il s’est rendu pour constater les dégâts causés par le cyclone Chido, le plus puissant à frapper le territoire en près d’un siècle.

Les habitants, exprimant leur frustration face à la lenteur de la réponse gouvernementale, ont scandé des slogans tels que « Macron démission » et « De l’eau, de l’eau, de l’eau », soulignant le manque d’accès à l’eau potable et à d’autres services essentiels près d’une semaine après la catastrophe.

Le cyclone a causé des destructions massives, laissant de nombreuses personnes sans abri et sans accès aux besoins de base. Le bilan officiel fait état de 35 morts, bien que les autorités craignent que le nombre réel de victimes soit beaucoup plus élevé, potentiellement de plusieurs centaines à des milliers, en raison de la difficulté d’accéder aux zones les plus touchées, notamment celles abritant des migrants sans papiers vivant dans des conditions précaires.

Face à la colère des résidents, Macron a défendu la réponse du gouvernement, affirmant que des efforts étaient en cours pour fournir de l’aide et rétablir les services essentiels. Il a également annoncé la mise en place d’une loi spéciale pour accélérer les efforts de reconstruction et remplacer les bidonvilles par des structures plus solides.

Malgré ces promesses, de nombreux Mahorais se sentent négligés par les autorités françaises, une situation exacerbée par la pauvreté endémique et les défis liés à l’immigration clandestine sur l’île. La situation reste critique, avec des besoins urgents en eau potable, nourriture et services médicaux pour prévenir de potentielles épidémies. La colère contre le président français reste vive sur l´ile où les habitants jugent scandaleux certains propos d´Emmanuel Macron qui avait affirmé « si c´était pas la france, vous serez 10.000 fois dans la merde ». La population s´estime marginalisée.

La visite de Macron à Mayotte intervient dans un contexte de critiques accrues concernant sa gestion de crises similaires, les résidents exprimant leur désir de voir des actions concrètes plutôt que des promesses. La reconstruction de l’île et le rétablissement des services de base demeurent des priorités urgentes pour les autorités françaises.

Leadernews avec AP News

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La chute de Bachar Al-Assad : fin d’une ère et bouleversements régionaux

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Bachar Al-Assad, président de la Syrie, renversé par des Rebelles islamistes

Après plus d’une décennie marquée par la guerre civile, des combats acharnés, et des alliances complexes, la chute du régime de Bachar Al-Assad en Syrie marque un tournant historique pour le pays et pour le Moyen-Orient.

Ce bouleversement, longtemps jugé improbable par les analystes, soulève des questions sur l’avenir de la Syrie et sur l’équilibre géopolitique régional.

Les causes de l’effondrement du régime

Le régime de Bachar el-Assad a résisté pendant de nombreuses années grâce à des soutiens militaires et politiques étrangers, notamment de la Russie et de l’Iran. Toutefois, plusieurs facteurs internes et externes ont fini par précipiter sa chute :

Épuisement économique : Les sanctions internationales, l’effondrement de la monnaie syrienne et la destruction massive des infrastructures ont plongé la population dans une pauvreté extrême.

  • Pression internationale accrue : L’isolement diplomatique du régime s’est renforcé, avec une coalition grandissante de pays exigeant un changement de leadership en Syrie.
  • Fractures internes : Les défections au sein de l’armée syrienne et la perte du soutien de certaines élites économiques ont ébranlé la colonne vertébrale du pouvoir.
  • Soulèvements populaires : Malgré une répression brutale, les foyers de contestation ont continué de se multiplier dans tout le pays, galvanisés par le désespoir et la fatigue de la guerre.

Les derniers jours du régime Assad

Les derniers mois ont été marqués par une intensification des combats dans les régions clés du pays, en particulier autour de Damas. Les forces d’opposition, aidées par des coalitions internationales et des acteurs régionaux, ont réussi à repousser les forces pro-Assad hors des grandes villes.

Selon des sources locales, le retrait des troupes russes et la réduction du soutien iranien ont laissé le régime affaibli et incapable de maintenir son emprise sur le pays. Le 15 juin dernier, une coalition rebelle a proclamé la prise du palais présidentiel, signifiant la fin symbolique du règne de Bachar el-Assad.

Les réactions internationales

La chute d’Assad a suscité des réactions diverses sur la scène mondiale :

  • Russie : La Russie, principal soutien du régime syrien, tente de repositionner sa stratégie régionale face à cette perte d’influence.
  • Iran : Pour Téhéran, l’éviction d’Assad représente un coup dur pour son projet d’expansion régionale et ses alliances chiites.
  • Occident : Les États-Unis et les puissances européennes, tout en saluant la fin d’une dictature, se préoccupent de l’instabilité potentielle et de la montée en puissance de groupes extrémistes.

Les défis à venir pour la Syrie

Si la chute d’Assad est saluée par certains comme une victoire pour une probable démocratie, le pays reste confronté à d’énormes défis :

  • Reconstruire un pays dévasté : La Syrie fait face à des destructions massives et à une économie en ruine.
  • Assurer la transition politique : La question d’un gouvernement de transition inclusif reste cruciale pour éviter de nouvelles divisions.
  • La montée des factions : La fragmentation des groupes d’opposition et la présence de milices extrémistes pourraient plonger le pays dans une nouvelle phase de violence.

La chute de Bachar el-Assad marque un moment historique, mais l’avenir de la Syrie demeure incertain. Alors que le pays entre dans une période de transition, la communauté internationale et les acteurs syriens devront travailler de concert pour reconstruire un État stable, inclusif et pacifié. L’histoire retiendra cette chute non seulement comme la fin d’un régime, mais aussi comme un moment décisif pour la région tout entière.

Léopold VII Abrotchi, écrivain et analyste politique

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