Jacques Mangoua, vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié) et président du Conseil régional du Gbêkê, a été condamné jeudi à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal de Bouaké, au terme d’un procès sous tension.
Les faits remontent au samedi 21 septembre 2019.
《Au petit matin dans le village de N’Guessankro, nouvelle Sous-préfecture dans le département de Béoumi, comme d’ordinaire le garçon chargé de l’entretien de la cour commençait à l’accoutumée, est allé mettre en marche le château d’eau qui relie la résidence et le village. C’est alors qu’il a fait la découverte d’un colis suspect dans un sachet noir derrières la pompe. Et deux autres colis emballés dans des sacs disposés contre le mur.
Il a donc tenté de voir le colis c’est là qu’il s’est aperçu de la présence de minutions. Aussitôt il a alerté le chef du village, donc les villageois sont allés sur les lieux pour faire le constat. Sur le champ le chef du village a informé le président Mangoua Jacques de leur découverte à son domicile du village. Le président a donc appelé le commandant de brigade pour lui donner l’information, il a également appelé le préfet de Béoumi. Il a également joint le procureur pour lui tenir informer de la fameuse découverte à son domicile. Donc la gendarmerie s’y est rendue pour vérifier l’information qui venait de lui être donnée.
La gendarmerie a donc déduit que la clôture a été escaladée, il y a des traces de pas derrière la clôture. Ils ont pris un photographe pour prendre des vues de tout ce qui vient de se passer. Le lieu escaladé a même été marqué par une coquille d’escargot. Donc, la gendarmerie a fait le dépouillement des colis 40 nouvelles machette non aiguisées, des balles de type calibre 12, et 10 sachets de minutions de kalachnikov .
Voilà le contenu des colis suspects qui ont été découverts contrairement à ce qui ce passe, c’est le président lui-même qui a été prévenu par le garçon de ménage a prévenu et la gendarmerie et le préfet et le procureur. Personne ne peut témoigner qu’il y a eu des tirs d’armes à feu même pas de calibre 12 à plus forte raison des kalachnikovs. Malheureusement le président est rentré en contact avec le procureur, il devrait légalement formuler une plainte.
Mais sur insistance du procureur, il a demandé qu’il vienne lui-même remettre la plainte à Bouaké. Ce que nous avons fait, la plainte a été enregistrée et contre toute attente, le chef du village appelle pour dire qu’il a reçu une convocation et qu’à 11 h, ils étaient convoqués au bureau du procureur. Ce rendez-vous a été respecté. Malheureusement le procureur dit être pris pour une affaire à Katiola ne pouvait pas suivre l’affaire a donc passé la main à son substitut.
Il a demandé que cette rencontre ait lieu dans le bureau du commandent de Compagnie par ce que son bureau serait plus approprié. Nous y étions, il lui a été demandé s’il voulait se faire entendre devant un avocat, il a dit oui. Séance tenante, le substitut du procureur est sorti avec les gendarmes présents, ils sont allés se concerter, moi j’ai suivi. Il a passé des coups de fil et il est revenu, il était 19 heures passées et il a fait savoir au président que si son avocat ne venait pas ce jour-là, il serait mis en garde à vue.》 Nous confie M. Amani Moïse, le chargé de mission du vice-président du PDCI.
M.Moïse ajoute en disant: « Depuis les élections du président Jacques Mangoua, ses adversaires politiques n’ont pas encore digéré cette défaite. Et pire, ils lui ont envoyé un message de menaces avant même que cet acte se pose »
Le président Mangoua Jacques a donc appelé son avocat, et avant que son avocat n’arrive, le substitut du procureur s’est déjà retiré. L’avocat est arrivé, on appelle le substitut, il ne répond pas au téléphone, le procureur pareil. Des messages lui ont été envoyés, il n’a pas répondu jusqu’à ce jour. Donc il a été gardé à vue. Nous attendons la suite .
L’affaire est politique, le dis en toute connaissance de cause. J’assume mes propos. Depuis les élections du président Jacques Mangoua, ses adversaires politiques n’ont pas encore digéré cette défaite. Et pire, ils lui ont envoyé un message de menaces avant même que cet acte se pose. Le 16 septembre 2019, avant qu’il ne s’envole pour un voyage sur les Etats-Unis, il a reçu un message entre 22 heures et 23 heures, et nous pensons que c’est ce message qui vient d’être mis à exécution.》
Le verdict du juge sur l’affaire.
Au terme du procès qui a duré quelques heures devant le tribunal de Bouaké, la juge Rosine Motchan a suivi les réquisitions du procureur Braman Koné, jeudi soir, condamnant Jacques Mangoua à cinq ans de prison ferme pour « détention de munitions d’armes de guerre sans autorisation administrative ». Le vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié), a en outre été condamné à 5 ans de privation de ses droits civiques et 5 millions de francs CFA (7 600 euros) d’amende.
Manifestations et affrontements
La journée avait été marquée par de vives tensions en amont de l’audience. Des affrontements ont notamment opposé les forces de l’ordre à des partisans de Jacques Mangoua venus le soutenir. Romaric Kouassi N’Guessan, sympathisant du PDCI âgé de 32 ans, a été tué dans des circonstances non encore élucidées, à Djébonoua, une ville voisine de Bouaké. Plusieurs villes de la région du Gbêkê ont par ailleurs été paralysées par des mouvements de protestations.
C’est un « jugement inique et abscons », a dénoncé Privat Séri Bi N’Guessan, secrétaire exécutif par intérim du PDCI. Pour ce cadre du parti, la procédure a été « d’une rare rapidité défiant le bon sens ». Il juge en outre que, « par ce jugement, le PDCI et le peuple de Côte d’Ivoire se rendent bien compte que le pouvoir RHDP [Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la formation d’Alassane Ouattara] vise, de façon anti-démocratique, la prise de la région du Gbêkê et de la zone du grand centre, en général, qu’il a perdue aux dernières élections municipales et régionales du 13 octobre 2019 ».
La défense fera appel
Placé sous mandat de dépôt lundi, Jacques Mangoua avait été interpellé le vendredi 27 septembre ; une semaine auparavant, des sacs contenant « 991 munitions d’armes de guerre, 49 munitions de fusil calibre 12 et 40 machettes » avaient été découverts par un gardien dans la propriété qu’il possède à N’Guessankro, son village natal dans le département de Béoumi.
Le défense rassurer de l’innocence de son client entends interjeter appel.