Candidat de Liberté et démocratie pour la République (LIDER) à la présidentielle d’octobre 2020, le professeur Mamadou Koulibaly, s’est insurgé ce jeudi 16 juillet 2020 dans sa web vidéo hebdomadaire, contre le parrainage citoyen, condition à remplir pour les prétendants à la magistrature suprême.
Le parrainage citoyen et le relèvement du cautionnement à 50 millions f cfa font partie des innovations majeures contenues dans le code électoral. Mercredi 15 juillet dernier, alors qu’il s’entretenait avec la classe politique, le président de la Commission électorale indépendante (Cei), Ibrahim Coulibaly-Kuibiert, indiquait à propos du parrainage citoyen ; ce n’est pas « pour être président mais pour recueillir la caution d’un électeur pour permettre au candidat de présenter sa candidature. Il permettra aussi d’éviter les candidatures peu louables ». Précédemment, le parrainage citoyen avait fait l’objet de discussions entre le gouvernement, la classe politique et la société civile.
De l’avis de Mamadou Koulibaly, le parrainage n’est pas constitutionnel en ce qu’il violerait le caractère secret du vote. « La loi dit le vote est secret. Normalement, le citoyen ordinaire rentre dans l’urne et c’est lui seul qui sait pour qui il va voter », a fait valoir l’ancien président de l’Assemblée nationale jugeant que l’on veut écarter les candidats potentiels à travers le parrainage. « Ce n’est pas prévu du tout par la Constitution, c’est une invention pour éliminer des candidats. M. Ouattara, lui quand, il voulait être candidat, il a trouvé que le fait de vouloir que le père et la mère soient Ivoiriens d’origine, était inutile parce qu’on n’en avait pas besoin pour être président de la République. Il a balayé cela en 2003 à Marcoussis », a accablé l’ancien député de Koumassi. « Normalement, le décret de M. Ouattara doit respecter le code électoral. Le code électoral doit respecter la Constitution qui trace le cadre général et le code électoral précise l’organisation. Aucune disposition du code ne doit prescrire des choses qui ne sont inscrites dans la Constitution. Là vraisemblablement, on viole le secret du vote des citoyens », a pesté l’actuel maire d’Azaguié. Il s’est levé contre l’argument selon lequel le parrainage citoyen devrait permettre de s’assurer que le prétendant à la magistrature a une assise nationale. « A quoi ça sert le vote ? le vote doit montrer que le candidat a une assise nationale… mais eux disent : avant l’élection, ils font une pré-élection », a ironisé l’ancien baron de la Refondation. « Si on veut renforcer la démocratie, ce n’est pas en éliminant des candidats, en faisant le parrainage citoyen ou en demandant d’envoyer des signatures que lui, (Alassane) Ouattara va connaître », a ajouté Mamadou Koulibaly.
« On n’a pas besoin de toutes ces fioritures : argent, signature… vous votez des gens qui sont choisis de cette façon, une fois au pouvoir, ils installent des clans et ils font ce qu’ils veulent. (…) est-ce que vous pensez quea ça c’est une élection sérieuse qu’on veut organiser ou alors on s’organise pour rester au pouvoir », a encore déclaré l’opposant.
Le maire d’Azaguié a beau critiquer le parrainage citoyen, il sait que sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020 passe par cette condition si bien qu’il a annoncé l’envoi de ses équipes sur le terrain dans les tout prochains afin de recueillir les signatures requises.
Chaque candidat doit, en effet, choisir dix-sept (17) régions et districts sur les trente-une (31) régions et deux (2) districts que compte le pays. Il doit recueillir 1% du nombre total de personnes inscrites sur la liste électorale de la région qu’il aura choisie. Il est interdit de sélectionner des parrains dans les cantonnements militaires et les centres hospitaliers.
Landry Yao