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Croissance: Pourquoi la Côte d’Ivoire fait fausse route ?

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« Les gouvernements en quête de croissance économique aiment investir dans le capital physique : nouvelles routes, ponts magnifiques, aéroports étincelants et autres infrastructures. En revanche, ils manifestent généralement beaucoup moins d’intérêt pour les investissements dans le capital humain, que l’on peut définir comme la valeur totale de la santé, des aptitudes, des connaissances, de l’expérience et des habitudes d’une population. En cela, ces gouvernements commettent une erreur, car le désintérêt pour les investissements dans les ressources humaines peut affaiblir radicalement la compétitivité d’un pays dans un monde en mutation rapide dont les économies ont besoin de toujours plus de main-d’œuvre qualifiée pour maintenir leur croissance.

La réussite du Ghana en témoigne : durant les années 90 et les premières années du siècle en cours, le pays a doublé ses dépenses d’éducation et a considérablement amélioré ses taux de scolarisation dans le cycle primaire. En conséquence, le taux d’alphabétisation a fait un bond spectaculaire de 64 points de pourcentage entre le début des années 90 et 2012, tandis que le taux de pauvreté chutait pour passer de 61 % à 13 %.

Bien que les gouvernements doivent absolument investir dans le capital humain, les considérations politiques y font souvent obstacle. Il se peut que les hommes politiques ne soient pas incités à promouvoir des politiques qui, parfois, ne portent leurs fruits qu’après plusieurs décennies. Par exemple, si aucune pandémie ne frappe leur pays, ils peuvent généralement négliger impunément la santé publique.Pour de nombreux pays en développement, améliorer la santé des jeunes est un chantier titanesque : au Bénin, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, 10 % des enfants qui naissent aujourd’hui n’atteindront pas leur cinquième anniversaire. »

Alors que le progrès technologique fait la part belle aux compétences d’ordre supérieur, l’incapacité d’un pays à donner à ses ressortissants les moyens de mener une vie productive induira plus d’inégalités. Sans oublier les risques sécuritaires, dans la mesure où des aspirations non satisfaites peuvent attiser l’instabilité. »

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Extrait de « Le déficit de capital humain : inciter les gouvernements à investir dans les ressources humaines. »
Tribune de Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. Publié initialement dans Foreign Affairs.18/06/2018

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