Lors de la présentation de leur dernier album «Héritage », les artistes ivoiriens Yodé et Siro, répondant à la question du journaliste de RFI, soucieux de comprendre la présence à cette dédicace du premier candidat déclaré aux élections présidentielles d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire, le professeur Mamadou Koulibaly, ont affirmé, par la voix de Siro, apprécier particulièrement ce dernier du fait de la nature incorruptible de sa personne.
Si cette probité morale, publiquement reconnue par ces artistes satiriques généralement pas du tout tendre avec les hommes politiques, peut être perçue comme un crédit qui place Mamadou Koulibaly au-dessus du lot dans la classe politique ivoirienne, reconnue pour sa corruption endémique, elle constitue dans le temps un gros problème pour le candidat proposé au peuple de Côte d’Ivoire par LIDER (Liberté et Démocratie pour la République), parti dirigé par la présidente Monique Gbékia.
En effet, dans un monde politique, où cadres d’administration publique, ministres, députés et maires, ont habitué l’opinion à des retournements de veste, des revirements idéologiques spectaculaires sinon mémoriaux, dans un environnement où le mandat électif ou la capacité de mobilisation se monnaie au plus offrant, au grand dam des intérêts des mandants ou des électeurs, être incorruptible, c’est paraître comme un extra-terrestre.
Et cette stature d’extra-terrestre, la classe politique en Côte d’Ivoire le lui fait savoir sans faux-fuyant. Des indiscrétions des coulisses de discussions entre certains hommes politiques, opposants comme proches du pouvoir, qui nous sont parvenues révèlent que c’est justement cette probité morale qui lui est reprochée. « Toi Madou, tu as de bonnes idées. Mais toi, si tu es président on va plus pouvoir ‘’manger’’ (s’enrichir) »
Cela pourrait donc expliquer l’image solitaire d’un Mamadou Koulibaly, engagé seul contre tous, dans le paysage politique ivoirien. Ce quasi-boycott dont il est l’objet de la part de ses pairs politiques n’entache pas pour autant son aura de plus en plus grandissant auprès de l’opinion ivoirienne.
Les élections d’octobre 2020, auxquelles il est candidat mettra assurément le peuple ivoirien devant ses responsabilités. Le peuple devra décider, soit d’encourager la probité morale, soit d’encourager la cupidité immorale.
Hervé Christ, Leadernews Suisse
