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Côte d’Ivoire / Assalé Tiémoko à Bédié: Ne faisons pas d’amalgames entre la fraude sur la nationalité Ivoirienne et les élections!

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Assalé Tiémoko Antoine

Côte d’Ivoire / Assalé Tiémoko à Bédié: Ne faisons pas d’amalgames entre la fraude sur la nationalité Ivoirienne et les élections!

Par leadernews, 09/06/2019

Le débat sur les propos tenus par le président du PDCI, monsieur Henri Konan Bédié, continu d’enflammer les réseaux sociaux. Assalé Tiémoko, patron du journal l’Eléphant déchaîné, n’est pas resté indifférent face à cela. Ainsi, à travers une publication sur son compte Facebook, il fait d’importantes précisions.

Le courage en politique, ne s’apprécie qu’à l’aune des risques qu’on prend  en adoptant telle ou telle position.

Il faudra bien un jour que les Ivoiriens, seules victimes des compromissions des hommes politiques, que dis-je, des politiciens ivoiriens, comprennent qu’on ne peut pas, tous les cinq ou dix ans, jouer avec leur vie.

La fraude sur la nationalité Ivoirienne, aussi incroyable que cela puisse paraître n’a jamais eu pour finalité une question électorale ou du moins, majoritairement,  elle était faite  dans un but purement économique.

Une enquête publiée par l’éléphant déchaîné en 2017, documents à l’appui,  à révélé cette réalité.  Les gens fraudent sur la nationalité Ivoirienne,  essentiellement, pour éviter les tracasseries policières.  Si cela était fait dans l’optique des élections,  la liste électorale ivoirienne, malgré l’abaissement de l’âge de vote à 18 ans, ne serait pas à moins de 7 millions d’inscrits sur 26 millions d’habitants. Ce qui est un immense paradoxe. En comparaison avec le Ghana, pour 30 millions d’habitants et l’âge de vote fixé à 21 ans, il y a 15,742 millions d’inscrits sur la liste électorale.  Il y a donc clairement un problème en Côte d’Ivoire.

Quand la loi portant simplification de la procédure de naturalisation en Côte d’Ivoire a été votée en août 2013, certains, notamment les opposants au régime du RHDP,  alors fort du PDCI,  ont crié à la naturalisation de 700 mille étrangers qui allaient s’accaparer nos terres puisque les étrangers ne peuvent plus être propriétaires de terres en Côte d’Ivoire, depuis la nouvelle constitution.

Mais, curieusement,  sur près de 177 mille dossiers de naturalisations déposées,  seuls environ 14 mille ont obtenu un résultat positif. Tous les autres dossiers ayant été rejetés,  comme l’éléphant l’a écrit documents à l’appui.  Et c’est  d’ailleurs au cours de cette enquête que nous avons découvert que de tous les présidents ivoiriens, Ouattara est celui qui a signé le moins de décret de naturalisation en presque dix ans. Rejetant presque systématiquement tous les dossiers qui arrivent à la présidence pour telle ou telle raison. Nous avons déjà écrit ça aussi.

Au regard de tout ce qui précède,  on ne peut qu’appeler nos politiciens à user de la plus grande prudence sur la question de la fraude sur la nationalité en ne la rattachant pas systématiquement  à des questions électorales.  C’est le meilleur moyen pour polluer ou corrompre un sujet aussi sérieux.

Et c’est pour cela que je dénonce avec fermeté,  la nouvelle posture du président Bédié. En posant le problème ainsi qu’il l’a fait, surtout en ciblant une commune d’Abidjan,  Abobo en l’occurrence, présumée  peuplée majoritairement de militants d’un parti politique, il ne peut obtenir pour résultat que la frustration, la colère et le repli identitaire.

Car, en 2014, du temps où le PDCI filait du bon coton avec le RDR dans le cadre du RHDP,  quand nous avons révélé le scandale de la fraude sur la nationalité ivoirienne, de tous ceux qui prétendent faire la politique en Côte d’Ivoire,  seul Mamadou Koulibaly,  a réagit.

En effet,  cet homme dont on connait la constance dans les prises de position, aujourd’hui maire de Azaguie,  m’ a  appelé au téléphone et m’a dit exactement : « ASSALE,  je   je te félicite pour ton enquête. Mais tu as pris des risques inutiles. Ceux qui dirigent le pays ne te feliciteront pas, ils ne diront rien,  il n’y aura aucune enquête,  aucun débat parlementaire sur le sujet,  parce que cette situation les arrange tous. Pense donc à ta famille et ne risque plus inutilement ta vie ».

A l’époque le PDCI aurait dû poser le problème et demander au pouvoir de se pencher sur ce sujet qui est la raison essentielle qui a motivé la prise des armes par d’autres Ivoiriens. Mais non,  ils n’ont rien dit parce que, on leur a dit que 2020 serait leur tour et que quel que soit l’adversaire en face, ils auraient les voix des militants du RDR, qu’ils soient de « vrais Ivoiriens » ou des fraudeurs sur la nationalité. Et, maintenant que ce n’est plus le cas, voilà que dans un contexte aussi trouble, le PDCI, du moins ce qu’il en reste, par la voix de son président,  Bédié, vient poser ce problème de la plus mauvaise des manières dans un contexte corrompu par la perspective électorale de 2020 en  orientant le débat sur  une commune précise, Abobo. Désormais considéré comme le laboratoire de la fraude au bénéfice d’un parti pour fausser le jeu électoral en 2020.

Le résultat le plus certain auquel le président Bédié va parvenir, c’est de diviser encore le pays, de provoquer le repli identitaire d’une partie des Ivoiriens.

En posant le problème ainsi qu’il l’a fait, le président a aggravé le mal. Et c’est ce que je dénonce.  Ne faisons pas d’amalgames entre cette fraude et les élections.

A moins que le cri des morts des crises que nous avons connues ne nous dise rien…

Assalé Tiémoko Antoine                                                                                                   Maire de la commune de TIASSALE

 

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