Lettre ouverte à monsieur Kpan Droh Joseph, préfet du Bounkani
Monsieur le Préfet,
Excellence, car vous êtes principalement et avant tout le représentant de l’exécutif dans le Bounkani, celui la même, qui est tenu de garantir l’unité, la cohésion et le bon vivre entre tous les fils et filles dans notre Bounkani
En effet au lendemain du conflit inter-communautaire de Mars 2016, conflit qui a endeuillé sans distinction aucune, les filles et fils du Bounkani, un constat des plus pressants a été fait : celui de trouver une solution idoine à l’épineuse question de la propriété foncière dans le Bounkani. Et vous avez eu la lourde charge de conduire à bon port, ce plan que je qualifierai de Marshall.
Par ailleurs, j’estime que votre nomination à ce poste, dans cet environnement de constante tension, est surement justifiée par d’éventuelles qualités de diplomate, de négociateur, d’homme impartial et humble surtout épris de paix et de justice, qu’on vous aurait reconnu.
Mais ohh que non, non non non !!!
Monsieur le Prefet,
Nous sommes aujourd’hui au 21eme siècle. Le peuplement de nos contrées a été l’aboutissement d’une migration graduelle. Les peuples sont venus de partout. Certains les premiers, d’autres ont suivi. Et ils ont vécu ensemble. Le peuple dan/ yacouba de la grande famille mandingue dont vous même êtes originaire, serait venu du Mali entre le 18eme et le 19ieme siècle, et s’est installé dans l’ouest montagneux de la côte d’ivoire, notre pays. À l’arrivée de vos ancêtres dans cette région d’autres peuples y vivaient déjà, cependant les vôtres y ont vécu en toute paix et y ont acquis un droit de sol. Alors autant cela s’est fait pour votre peuple, la présence du peuple lobi dans le Bounkani est également la résultante d’une migration historique qui a eu lieu il y a plus de 150 ans entre le 18eme et le 19eme siècle (qu’elle similitude pour deux peuples différents Dan et Lobi) ???
Alors monsieur le Préfet, vous n’avez pas le droit de vous adresser avec condescendance et mépris en ce 21eme siècle, plus de 150 ans après leur migration, à nos parents comme s’ils étaient des étrangers dans le Bounkani. Non ils ne le sont pas et ne donnez pas l’impression que vous leur faites une faveur dans cette démarche administrative entamée en vue de l’établissement de leur titre foncier rural. C’est votre rôle d’administrateur que vous accomplissez. Je le répète vous ne leur faites aucune faveur. Vous ne faites que votre travail, ce pour quoi vous avez été nommé dans cette région.
Alors Monsieur l’Administrateur, soyez juste et impartial envers tous vos administrés et ce sans exception. L’histoire pour ne pas dire la préhistoire, n’a pas sa place dans ce domaine administratif pour que vous en fassiez la base d’une argumentation quelconque. Nous sommes conscients que chaque peuple à une histoire dont nous nous inspirons souvent sous différents prétextes, cependant soyons regardant quant au contexte dans lequel nous l’utilisons. Dans ce cas précis, il n’était point approprié. Quand même monsieur le Préfet, ça remonte à 150 ans en arrière !! Ou bien essayez-vous de vous faire passer pour notre messie ? eh bien vous ne l’êtes pas et ne le serez jamais.
Pour dire vrai, nous sommes de plus en plus perplexes quant à votre attitude qui est tout sauf rassembleuse. Depuis que vous êtes là, aucun acte de rapprochement entre des fils divisés de la région n’a été observé de votre part, alors que de leur union sortirait un Bounkani plus fort, plus développé, plus compétitif et plus inclusif. Alors monsieur le Préfet, quel est votre véritable projet ? Enfoncer le clou ? Spolier un peuple de son droit ? Donner l’impression que vous faites votre travail quand nous savons qu’en dessous vous tirer toutes sortes de ficelles ? Nous avons connaissance de certaines correspondances, écrites par vous qui corroborent nos affirmations. Ne nous poussez pas à tout déballer.
Ressaisissez-vous car il n’est pas tard. Â défaut vous serez tenu responsable de tout dérapage qui résulterait de cette histoire de foncier. Moi Sylvie Kambou, je vous pointe du doigt car vous entretenez une certaine duplicité qui divise davantage. Et ça nous n’en avons pas besoin.
Ne soyez pas le fossoyeur d’une région qui aspire à un développement effectif et durable, soyez en la fondation.
Soyez le Préfet de tous, pas de peu.
Respectueusement
Sylvie Kambou
la lobikher
Le titre est de la rédaction