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Mali: Qui est l’homme qui menace IBK ?

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Mahmoud Dicko-image d'illustration

Mahmoud Dicko, né vers 1954[1], est un imam salafiste malien originaire de la région de Tombouctou qui a présidé le Haut Conseil islamique malien (HCIM) de janvier 2008 à avril 2019.

Ancien professeur d’arabe, formé en Arabie saoudite[1] et en Mauritanie[3], il devient au début des années 1980 l’imam de la mosquée de Badalabougou à Bamako. D’obédience salafiste quiétiste, il se présente comme un sunnite et récuse le terme de wahabite[4]. Il a été secrétaire général de l’Association Malienne pour l’Unité et la Progrès de l’Islam (AMUPI), courroie de transmission du parti unique de l’ancien dictateur Moussa Traoré[5] et Premier Secrétaire sortant aux Affaires religieuses

Mahmoud Dicko se réclame du courant sunnite de l’islam. Selon l’ethnologue Jean-Loup Amselle : « Mahmoud Dicko est un quiétiste qui refuse le djihad et l’application des règles les plus violentes de la charia, comme le fait de couper les mains des voleurs. Alors que les fondamentalistes wahhabites refusent tout ce qui s’est passé avant l’islam, lui affirme que ce qui fait tenir ensemble la société malienne, ce sont l’islam et les traditions pré-islamiques, d’où l’importance de s’appuyer sur ces traditions, garantes de l’ordre »[6].
En 2009, il s’oppose au projet de code des personnes et de la famille au Mali présenté par le gouvernement[2] et obtient grâce à une mobilisation importante sa révision, vidant de sa substance un texte qui était davantage favorable aux droits des femmes[7]. En 2012, lors de la guerre du Mali, il prend position en faveur d’un dialogue avec les islamistes et rencontre Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine[2]. En 2013, il affirme que l’intervention de l’armée française au Mali, en appui à l’armée malienne contre des groupes jihadistes armés, n’est pas une agression contre l’islam, mais que la France a volé au secours d’un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans à son propre sort[8]. Lors de l’élection présidentielle malienne de 2013, il soutient la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta[9].

Le 25 novembre 2015, après l’attentat du Radisson Blu de Bamako, il déclare sur VOA : « Les terroristes nous ont été envoyés par Dieu pour nous punir de la promotion de l’homosexualité, importée d’Occident et qui prospère dans notre société »[10]. Le 12 décembre 2015, à la grande Mosquée de Bamako, Mahmoud Dicko déclare que le djihadisme est une « création des Occidentaux » et de la France afin de « recoloniser le Mali »[11],[10].

Le 30 octobre 2016, l’imam Mahmoud Dicko déclare avoir reçu, après huit mois de discussions, une lettre d’Iyad Ag Ghali dans laquelle ce dernier annonce « l’arrêt des attaques sur toute l’étendue du territoire »[12],[13]. Mais Ansar Dine dément ces déclarations le 2 novembre[14],[15].

Après avoir soutenu Ibrahim Boubacar Keïta, Mahmoud Dicko passe dans l’opposition vers fin 2017[9]. À son appel, 30 000 à 50 000 personnes manifestent contre le gouvernement à Bamako le 5 avril 2019[9]. Le 7 septembre 2019, alors que des ambitions présidentielles lui sont prêtées, il lance la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), un mouvement politique qui suit sa ligne islamiste[1].

En juin 2020, sa CMAS s’unit à une large plateforme d’opposition, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Selon l’analyse de Aly Tounkara, « Beaucoup d’opposants qui n’auraient eu aucune chance d’accéder au pouvoir ont décidé de s’appuyer sur l’imam et ses milliers de fidèles, lui conférant un grand pouvoir politique ». Le vendredi 19 juin 2020, il réussit à organiser une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de fidèles et supporters pour demander au président Ibrahim Boubacar Keïta de démissionner[16].

Hervé-Christ

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