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Présidentielles Côte d’Ivoire: Azaguié, élan ou fin de course pour Mamadou Koulibaly?

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Seuls sont aujourd'hui, par cette victoire, comblés, revigorés et remotivés, les milliers de militants et sympathisants de LIDER, qui ont toujours cru en leur champion, et qui maintenant entrevoient l'échéance électorale de 2020 avec plus de sérénité et surtout beaucoup d'engouement

Le samedi 13 ocotbre dernier, se sont tenues, en Côte d’Ivoire, les élections municipales et régionales. À Azaguié, à quelques kilomètres d’Abidjan, la liste « Pour l’amour d’Azaguié », conduite par le professeur Mamadou Koulibaly, candidat du parti Liberté et démocratie pour la république (LIDER) à la présidentielle de 2020, à largement recueilli les suffrages des populations locales.

Depuis cette date donc, Mamadou Koulibaly est le maire de la commune d’Azaguié. La large victoire qu’il y a obtenu aurait pu être une victoire ordinaire, comme toute autre dans une élection locale, si l’histoire récente du nouveau maire, ses ambitions politiques, et les passions que celles-ci et lui-même cristallisent n’étaient pas particulières; en d’autres termes, si « la banane » d’Azaguié n’était pas riche de symboles.

Histoire récente du nouveau maire  d’Azaguié

Mamadou Koulibaly a été dans un passé récent vice-président du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo, et président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire de 2001 à 2011. Après la chute du président Laurent Gbagbo, à l’issue d’une élection controversée en 2011, et devant le refus des autres membres de la direction d’alors du parti, d’une part, de tirer les leçons de cette debâcle, et d’autre part, d’adhérer à la nouvelle orientation politique stratégique qu’il proposait, Mamadou Koulibaly a saisi l’occasion de la porte de sortie que lui proposaientt ceux-ci devant leur désaccord, pour créer en juillet 2011, Liberté et Démocratie pour la République (LIDER). Cela, pour ne rester fidèle qu’à ses convictions et à sa vision de remettre la Côte d’Ivoire sur les rails et conduire ses populations vers l’épanouissement social, économique et politique.

Avec LIDER, il part aux élections legislatives de 2012, à Koumassi, à Abidjan, où il est battu. En 2015, il est candidat à l’élection présidentielle, mais devant les nombreuses irrégularités lièes à l’organisation de ce scrutin, il finit par se rétirer de la course au pouvoir et bat campagne pour le boycott par les populations de cette élection frauduleuse.

Il se consacre ensuite à l’organisation et à l’implantation de son parti politique jusqu’en mars 2018, date à laquelle, il quitte la présidence du parti pour ne redevenir que militant de base. Le congrès de mars 2018, l’a tout de même désigné comme candidat de LIDER, à l’élection présidentielle de 2020, et élu madame Monique Gbékia à la présidence du parti.

Aux dernières élections municipales, le samedi 13 octobre dernier, il élu avec une majorité écrasante maire de la commune d’Azaguié, sa ville natale.

Vision, ambitions et passions

Très écouté et adulé pendant les années « Refondation » (slogan politique du pouvoir Laurent Gbagbo), Mamadou Koulibaly, sera très vite, dès la création de son parti en 2011, la cible d’invectives de toutes sortes de la part de la frange des irréductibles « gardiens du temple » du FPI, qui se feront appeler plus tard les « Gbagbo ou rien » (GOR), mais aussi des moqueries venant des laudateurs d’Alassane Ouattara, les « ADOrateurs ».

Pour les premiers, la « débâcle » de Koumassi était bien le signe de la fin politique de Mamadou Koulibaly. Leur logique voudrait que, le FPI ayant fait de lui ce qu’il est politiquement, sans ce parti, il ne saurait avoir un avenir politique et même remporter une quelconque élection. Azaguié vient donc de les confondre.

Pour les seconds cités, « la déroute » de Koumassi était bien la preuve que l’ambition de prétendre au fauteuil présidentielle etait au-delá des forces d’un candidat qui n’est pas à même de remporter une « simple » élection locale. Azaguié les invite à la mise à jour urgente de leurs copies caduques d’analystes politiques.

Seuls sont aujourd’hui, par cette victoire, comblés, revigorés et remotivés, les milliers de militants et sympathisants de LIDER, qui ont toujours cru en leur champion, et qui maintenant entrevoient l’échéance électorale de 2020 avec plus de sérénité et surtout beaucoup d’engouement.

Et si le personnage de Mamadou Koulibaly cristallise tant de passions, c’est bien à cause de la singuliarité dont il fait montre dans le milieux sombreux de la classe politique ivoirienne. Au dela de sa probité morale inattaquable, son discours franc et direct, son refus de ménager la vérité, la pertinence, le réalisme et le pragmatisme de ses propositions, et enfin son humilité à toute épreuve entretiennent la peur chez ses adversaires et l’ardeur chez ses sympathisants. Beaucoup de passions se retrouvent donc à l’épreuve des ambitions d’un homme qui est conduit  par une vision à laquelle il reste, contre vents et marées attaché: la naissance d’une Côte d’Ivoire meilleure.

 Azaguié l’élan, ou Azaguié la fin de course?

Cette vision de Mamadou Koulibaly pour la Côte d’Ivoire qui cristallise toutes les passions, bonnes ou mauvaises, les populations d’Azaguié viennent de lui donner un laboratoire expérimental; même si fondamentalement, elles ont surtout démontré à l’ensemble des populations ivoiriennes que Mamadou Koulibaly est bel et bien éligible sur la base de ses seules idées.

Ce laboratoire expérimental n’engendrera évidemment pas de solutions toutes faites et/ou miraculeuses, avant l’écheance électorale présidentielle de 2020, dans quelques mois déjà. En témoignent ces propos du nouveau maire élu d’Azaguié:

Je ne suis pas un héros, je n’ai pas de solution toute faite ni de baguette magique pour effacer nos errances passées. Ne comptez pas sur moi pour vous faire miroiter un paradis artificiel afin d’attirer vos suffrages.

Mais ce laboratoire est l’occasion pour le Professeur en économie, Mamadou Koulibaly, de proposer un « new deal » aux populations d’Azaguié, une autre approche de la gestion des biens publics axée sur le bien être de la communauté avant tout, ou encore une adaptation locale des performances qu’il a réussies au niveau macroéconomique, lors de ses passages, aux ministères du budget et de l’économie des gouvernements de transition de 1999 à 2000. Impacter donc le quotidien à Azaguié de telle sorte à refaire vivre un brin de vive espoir de lendemains qui chantent dans le coeur désespéré des populations.

Les regards de ces détracteurs, désormais rivés sur Azaguié, n’en seront qu’émerveillés, et l’élan pour la course aux élections présidentielles à venir aurait été bien prise. En revanche, un échec à Azaguié pourrait compliquer le projet de conquête du pouvoir de Mamadou Koulibaly, voire même précipiter la fin de la course vers cette conquête.

Hervé Christ

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