Après sa libération par la première chambre de la Cour pénale internationale (CPI) et l’obtention de ses deux passeports (ordinaire et de service), l’ambiance sociopolitique est focalisée autour du retour du président Laurent Gbagbo. L’ancien président ivoirien semble dans de bonnes dispositions d’esprit, dans la dynamique de la stabilité sociopolitique et la paix.
Au cours de sa dernière sortie médiatique fin octobre, le président Laurent Gbagbo a affiché une posture qui lui est reconnue depuis de nombreuses décennies. « Ce qui nous attend, c’est la catastrophe. C’est pour ça que je parle. Pour qu’on sache que je ne suis pas d’accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe. Il faut discuter », a déclaré Laurent Gbagbo. Ce discours qu’il tenait dans un contexte électorale – scrutin présidentiel du 31 octobre dernier – précis vaut aussi pour le contexte général dans lequel se trouve en ce moment le pays. Pour la réunification et la réconciliation au sein de sa famille politique et pour une décrispation de la situation sociopolitique nationale.
La réunification au sein du Front Populaire Ivoirien
La cohésion au sein du Front populaire ivoirien (FPI) n’a pas survécu à l’absence de son leader charismatique Laurent Gbagbo. Pendant son absence, ses plus proches collaborateurs, Pascal Affi Nguessan et Aboudramane Sangaré, se sont tournés le dos jusqu’à afficher ouvertement des postures d’animosité. Chacun de sont côté a bénéficié de soutiens au sein de la base militante. Dès son retour, le président Laurent Gbagbo devra s’atteler à rassembler tous les membres de son parti politique et jeter véritablement les bases du rassemblement et de la réconciliation en interne. Il devra en outre, non seulement manifester sa compassion à l’endroit des familles de ses ex-collaborateurs décédés pendant la longue traversée du désert mais surtout obtenir d’elles le pardon. Mais surtout que cela s’inscrive dans un cadre national.
Des personnalités connues pour avoir servi l’Etat au sommet ont perdu la vie dans des circonstances déplorables. Il y a eu Aboudramane Sangaré, Bohoun Bouabré, Désiré Tagro, Mamadou Ben Soumahoro pour ne citer que ces personnalités autrefois dans le cercle restreint de l’ancien président ivoirien, qui sont demeurées fidèles jusqu’au bout.
Le président Laurent Gbagbo a fondé le FPI, l’a conduit à la tête de l’Etat où il a exercé pendant 10 ans. Ce parti est aujourd’hui à la croisée des chemins. L’un des grands défis serait de remobiliser ses militants et leur assigner de nouveaux objectifs pour une nouvelle reconquête du pouvoir. Bien évidemment, la question de la succession n’échappera pas à tous ces défis à relever pour l’opposant historique de Félix Houphouët-Boigny.
« Asseyons-nous et discutons ». Le président Laurent Gbagbo devra une fois de plus traduire cette phrase qu’il aime tant prononcer dans les faits en allant au contact de ses adversaires politiques, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Avec eux, il devra véritablement parachever les grands chantiers qui ont été entamés depuis 2003, après l’attaque rebelle qui a perturbé sa gouvernance. Henri Konan Bédié a noué les contacts avec l’ex-célèbre prisonnier de La Haye. Le président Alassane Ouattara, quant à lui, semble désormais dans de bonnes dispositions d’esprit. Lors de sa dernière sortie, le dimanche 6 décembre, le Secrétaire exécutif du parti du RHDP, Adama Bictogo, a rappelé que le président Ouattara œuvre « pour le rassemblement de tous les Ivoiriens et de toutes les Ivoiriennes autour de l’idéal de réconciliation et de paix ».