Depuis le lundi 24 Août 2020, le corps des inspecteurs du travail et des Lois Sociales, observent un arrêt de travail allant du lundi 24 Août au vendredi 28 Août, susceptible de renouvellement.
Attendu que la mission de ce corps d’élite de l’administration est assez méconnue de la population, l’opinion nationale a néanmoins intérêt à s’inquiéter quant à la colère qui gronde dans les rangs des inspecteurs du travail, ceux-là qui ont pour mission d’assurer à chaque citoyen le respect de sa dignité humaine et de ses droits.
Comment en sommes-nous arrivés à cette radicalisation des inspecteurs du travail ? Les inspecteurs du travail en grève…ironique non ?
Il est important de noter que le métier d’inspecteur du travail ne s’acquiert qu’après et obligatoirement une formation à l’école nationale d’administration – ENA dans la filière dénommée Travail et Affaires sociales (TAS).
Malheureusement, cette filière n’est pas disputée par les admis au concours de l’ENA du fait de la désorganisation et de la négligence du service d’une part et d’une motivation peu enviable d’autre part.
De quoi s’agit-il ?
Pour certains citoyens qui ont senti le besoin de recourir à l’inspecteur du travail pour un différend du travail, ils ont dû remarquer :
1/ une disposition des services d’inspection du travail totalement en déphasage avec l’esprit de la déconcentration. Pour exemple, l’inspection du travail de Cocody logée à Adjamé dans les encablures de la gare STIF, lieu réputé fréquenté par des individus peu recommandables.
2/ la précarité dans les services. Les locaux des services d’inspection du travail sont hyper sales, délavés, exigus et mal entretenus…pourtant il s’agit des locaux de l’institution en charge de veiller sur le 3e pilier de notre devise nationale Union – Discipline – Travail. Ce qui ferait dire que notre devise n’est qu’un vœu pieux.
3/ la démotivation des inspecteurs du travail quant à la promptitude du règlement d’un contentieux.
Conséquence directe des deux observations citées plus haut, cette démotivation est plus accrue par une injustice flagrante relative à leurs indemnités prévues par la loi, en l’article 91.11 de la loi n°2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail en côte d’Ivoire. Que dit cet article :
» Pour l’exercice de leurs attributions, les services d’inspection du travail disposent de locaux aménagés de façon appropriées à leurs besoins et accessibles à tous intéressés. Ils disposent en permanence de moyens en personnel et matériel notamment de véhicules nécessaires au fonctionnement de leurs services.
L’état prend des mesures appropriées pour allouer aux administrateurs, contrôleurs et attachés du travail ainsi qu’aux médecins du travail, une indemnité forfaitaire suffisante pour le remboursement de tous frais de transport et de déplacement nécessaires à l’exercice de leurs fonctions, une indemnité de participation à la judicature, une indemnité de risques, une indemnité de sujétion et une indemnité de logement. Les montants de ces indemnités sont déterminés par décret « .
Et malheureusement, depuis l’entrée en vigueur de la loi portant code du travail en 2015, ce décret n’a pas encore été pris jusqu’à ce jour, privant depuis 5 ans les inspecteurs du travail d’un droit qui leur est reconnu par la loi…frustration !
Tout le contenu de l’article 91.11 est totalement différent de la réalité ; les inspecteurs du travail exercent dans des conditions hors la loi.
Quel avenir sur la politique sociale de notre gouvernement ?
Il est vrai que le gouvernement ivoirien avec à sa tête le président de la république SEM Alassane Ouattara créé les conditions de promotion de l’emploi parce que le travail permet de lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales.
Cependant, comment peut-il être garant des objectifs de leur politique de favoriser l’emploi s’il n’existe pas une police de contrôle du travail ?
1/ Le SMIG ne sera pas respecté,
2/ Les droits du travailleurs, objet de convention internationale, seront toujours violés.
Ce qui aura pour conséquences de ne pas donner les résultats escomptés de la politique de l’emploi et les disparités sociales ne feront que s’accroître.
Il faut agir vite !
C’est pourquoi le gouvernement avec à sa tête Mr le Président de la république doit vite se pencher sur cette question en invitant les syndicats des inspecteurs du travail à la table des négociations pour des solutions adéquates et urgentes.
Les citoyens, contribuables, doivent donner de la voie pour remettre de l’ordre dans cette partie de l’administration qui a un rôle Vital pour eux-mêmes.
La presse doit s’investir pour aider à communiquer sur le bien fondé des actions des inspecteurs du travail.
C’est urgent !
Olivier ZEZE
Breveté de l’Ecole Nationale d’Administration.
Attaché du travail et des Affaires Sociales.