Loin de moi l’idée d’assumer qu’il y a eu empoisonnement et d’accuser un tel d’en être responsable. J’ai, depuis quelques mois, décidé de prendre mes distances de la politique ivoirienne et ma prise de parole un revêt un caractère purement technique.
Je voudrais juste me pencher sur la communication approximative du gouvernement de Côte d’Ivoire qui a favorisé toute cette spéculation. Qu’il y ait eu empoisonnement ou pas, le mal est fait, et les Ivoiriens dans leur majorité pensent qu’il y a anguille sous roche. À qui la faute ? Pour moi, il n’y a aucun doute que le gouvernement de Côte d’Ivoire est l’un des principaux responsables de l’ampleur des rumeurs qui circulent sur la mort du Premier ministre Hamed Bakayoko.
Tout d’abord, soulignons que les disparitions de deux premiers ministres en l’espace de 8 mois peuvent laisser place à des spéculations des plus extraordinaires. Cela va de soi, nous sommes en Côte d’Ivoire où une mort n’est jamais assimilée à un cycle normal de la vie : « On nait, on vit, on meurt ».
Revenons à ce qui nous intéresse.
Juin 2020, Feu Amadou Gon Coulibaly est transféré d’urgence à Paris pour des soins. Les informations fusent de partout, la toile est inondée de fausses-vraies informations, mais là encore, le service de communication nous sert juste des communiqués, des brins d’informations et autres photos pour nous dire que le Premier ministre va bien et qu’il est simplement en visite médicale. Conclusion, il rentre de voyage sous prétexte que les médecins l’auraient libéré pour le travail. Nous connaissons la suite.
Janvier 2021, c’est au tour de Hambak d’effectuer deux voyages en France pour des analyses et soins médicaux, aucune communication sérieuse n’a été faite par le gouvernement de Côte d’Ivoire.
À cette époque, les rumeurs quant à un empoisonnement commençaient déjà à envahir la toile et les rues d’Abidjan. Qu’avons-nous reçu comme information concrète de la part du service de communication du gouvernement ? Rien ! Absolument rien !
Puis, au cours du mois de février, il effectue son dernier voyage. Le gouvernement a permis que @ChrisYapi se fasse le communicateur attitré de l’état de santé de notre PM. Notre très chère ministre de l’Éducation nationale, Kandia Kamissoko Camara, le patron du journal Jeune Afrique, Marwane Ben Yahmed et d’autres répondeurs automatiques feront l’échos d’un pseudo bilan de santé qui ne cherchera qu’à démentir les rumeurs, en nous produisant des phrases du type : « Hambak va bien, il revient bientôt », « Hambak n’a pas été transféré d’urgence, il est juste allé se reposer ». Pourquoi vouloir tromper l’opinion nationale là où l’on peut faire simple.
Dans le cas d’espèce, vu qu’il s’agit de l’état de santé des serviteurs de l’État de Côte d’Ivoire, des informations vraies, des rapports de santé quotidiens, émanant des hôpitaux et des médecins en charge des patients, devraient être transmis au gouvernement puis relayés par la presse en générale.
Des points de presse (avec un membre du gouvernement, le médecin en charge du patient ou directeur de l’hôpital et/ou un membre de la famille du patient) devraient être organisés en fonction de la gravité de l’état de santé des premiers ministres. Cela nous aurait conduits à plus de professionnalisme, à une mise à niveau de l’information et, surtout, à minimiser les possibles les rumeurs qui en découleraient. Les Ivoiriens auraient consacré plus de temps à prier pour leurs autorités malades plus qu’à spéculer sur les raisons de leurs morts et leurs possibles commanditaires.
Le gouvernement a échoué dans sa communication et a laissé libre cours aux rumeurs. À quel besoin répond ce manque de professionnalisme ? Mieux, cette mauvaise communication répond-elle au besoin de cacher la réalité des faits ? Chacun en tirera les conclusions.
Pour finir, je dirai que déconstruire l’idée d’un possible empoisonnement de l’imaginaire des Ivoiriens sera encore plus difficile que de faire accepter que le président Alassane Ouattara effectue le premier mandat de la troisième république.
Koffi BADOU
Consultant spécialiste en Marketing Politique
et Relations Gouvernementales