Du jeudi 18 au 21 novembre 2021 , un convoi militaire français a fait face à un blocus à Kaya, dans la région centre-nord du Burkina Faso.
Ce convoi, en provenance d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, doit regagner le Niger. Mais dès son entrée sur le territoire burkinabé, il n’a eu de cesse d’être confronté à l’hostilité affichée des populations. Cela, dans plusieurs villes du pays des hommes intègres. D’abord stoppé net à Kaya pendant 3 jours, le convoi a dû rebrousser chemin pour se retrouver à nouveau bloqué, par d’autres manifestants, à quelques kilomètres de Ouagadougou.
Il faut rappeler qu’en Côte d’ivoire, d’où il vient, ce convoi, fort d’une soixantaine de véhicules et d’une centaine hommes, n’a eu à faire face à aucune hostilité. Il a traversé ce pays, du sud au nord, sans encombre, avant de se retrouver dans l’impasse au Burkina Faso. Cela pose la problématique de la position des populations ivoiriennes dans ce combat, maintenant panafricain, contre l’occupation française continue, en Afrique francophone, plus de 60 ans après les prétendues indépendances. Les populations ivoiriennes, au début des années 2000, ont pourtant été les premières, dans la sous-région, à scander et exiger le départ de l’armée d’occupation française.
Mais qu’en est-il de cet engagement aujourd’hui? Comment la Côte d’Ivoire en est elle arrivée à céder sa position de précurseur sous-régional de ce combat, au Mali et au Burkina Faso, pour devenir le quartier général incontesté de l’armée d’occupation française? Le pouvoir extrêmement répressif d’Alassane Ouattara, laudateur incontesté de la Françafrique, pourrait expliquer cela. Mais aussi, la transition politique qui couve actuellement en Côte d’Ivoire, avec une population dont les priorités peuvent être sujettes à interrogations, voire à inquiétudes.
En effet, les ivoiriens semblent s’être laissés embringués dans les guéguerres émotionnelles, les atermoiements et incohérences d’une classe politique vieillotte. Une classe politique dont l’engagement ne se résume qu’à une ambition revancharde, motivée par une vision nombriliste, émotionnelle et intéressée du combat politique. En Côte d’Ivoire, les lignes idéologiques de souveraineté, de liberté et de démocratie semblent plutôt avoir fait la part belle, aux humeurs des hommes politiques que sont Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
Ainsi donc, de précurseur générationnel sous-régional de la lutte contre le néocolonialisme français, les ivoiriens vont-ils continuer à se contenter dans leur rôle actuel de dernier de la classe? Ou vont-ils se laisser de nouveau inspirer par les jeunes maliens et Burkinabés, engagés plus que jamais ouvertement contre le colon français, pour revenir prendre toute leur place dans ce combat à portée panafricaine aujourd’hui ?
Hervé Christ