Deux semaines après la reprise de l´école en Côte d´Ivoire, le bilan est mitigé, c´est l´avis de la Coalition du Secteur de l´Education Formation de Côte d´Ivoire (COSEFCI) qui a fait un point de la situation et dont nous vous livrons en exclusivité l´integralité.
I- DE LA REPRISE DES COURS
Annoncer pour le 8 mai 2020 par le Président de la République, c’est finalement le lundi 18 mai 2020 que les cours ont effectivement repris à l’intérieur du pays.
Une semaine plus tard, la COSEFCI fait le constat d’une reprise mitigée tant à Abidjan depuis le 25 mai 2020 qu’à l’intérieur du pays. Tous les enseignants et élèves ne sont pas encore aux cours pour diverses raisons évidemment inhérentes au COVID-19.
En effet, outre le fait que plusieurs enseignants et élèves n’ont pas encore quitté leurs lieux de confinement pour rejoindre les localités de leurs établissements respectifs, l’absence de conditions de sécurité sanitaire rassurantes, contraint certains à ne pas faire cours dans l’attente desdites conditions.
II- DE LA SUITE DES PROPOSITIONS DE LA COSEFCI DU 11 MAI 2020
Pour rappel, le 11 mai 2020, la COSEFCI a remis officiellement une liste de cinq(05) propositions au Cabinet de la Ministre de l’Education. Ce sont :
1- Le respect d’une distance d’au moins un mètre entre deux élèves dans les classes ;
2- La mise en vacances des élèves des niveaux intermédiaires en validant, pour eux, l’année scolaire sur la base des deux premiers trimestres déjà validés ;
3- La mise en place, en quantité suffisante, de dispositifs de lavage des mains dans les établissements scolaires ;
4- La distribution massive et gratuite de cache-nez à tous les enseignants et élèves ;
5- L’instauration d’une prime de risque COVID-19 en faveur des enseignants.
Deux semaines plus tard, la COSEFCI fait les observations ci-après :
1. Du respect de la distanciation des élèves dans les salles
La COSEFCI, constate que l’administration scolaire a disposé les élèves dans les classes en les séparant d’au moins un mètre. La COSEFCI salue cette bonne disposition.
2. De la mise en vacances des niveaux intermédiaires
La COSEFCI, note que cette proposition n’a pas été entendue pour l’enseignement primaire. Les élèves du CP1 au CM1 ont aussi repris les cours. Pour l’enseignement secondaire, la COSEFCI attend de voir à partir du 1er juin prochain.
3. De la mise en place des dispositifs de lavage des mains dans les établissements
Des dispositifs de lavage des mains sont certes visibles dans quelques écoles. Cependant, la COSEFCI constate leur insuffisance notoire dans la plus part des écoles du pays.
4. De la distribution gratuite et massive de cache-nez
Les Chefs d’établissements et des Directeurs d’écoles primaires demandent à leurs enseignants et élèves de se procurer eux-mêmes des cache-nez avant l’arrivée de ceux promis par l’Etat.
Cette posture de l’administration constitue pour la COSEFCI une provocation dans la mesure où l’enseignant ne bénéficie pas d’une prime COVID-19 à l’instar des secteurs autant sensibles que sont la santé et la sécurité qui lui permette de s’acheter régulièrement des masques pour l’exercice de ses fonctions.
Fort heureusement, la Ministre de l’Education Nationale a annoncé la mise à disposition de quatre-vingts(80) millions de masques au système éducatif.
Bien que ces cache-nez n’aient pas encore atteint leurs destinataires, la COSEFCI voudrait saluer cette annonce qui est une réponse positive à l’une de ses propositions. Nous espérons que ces masques seront effectivement disponibles dans le plus bref délai.
Cependant, la COSEFCI exige que ces cache-nez soient également mis à la disposition de tous les enseignants et élèves de l’intérieur du pays contrairement au communiqué de l’ordre des pharmaciens qui les limite seulement aux fonctionnaires d’Abidjan. Ce qui mettra tout le monde à l’aise.
5. De l’instauration d’une prime de risque COVID-19 en faveur des enseignants
Malgré le risque élevé de contamination dans les écoles, le gouvernement reste muet sur la demande de prime COVID-19 en faveur des enseignants que la COSEFCI lui a adressée.
III- DE LA SITUATION SANITAIRE DANS LES ECOLES
Une semaine après le redémarrage des cours, la COSEFCI note que plusieurs enseignants sont déclarés positifs au COVID-19 à l’intérieur du pays. C’est le cas à Anoumaba , Sinématiali, Soubré, Guiglo, Gouméré, Man…
En effet, après investigations, il ressort que ces cas seraient issus du groupe d’enseignants partis d’Abidjan après leurs dépistages sans leurs résultats.
La COSEFCI, voudrait saluer la promptitude avec laquelle les services de santé dédiés les ont repérés puis les ont isolés du reste des populations.
Toutefois, c’est le lieu pour la COSEFCI, de rappeler qu’elle avait fortement mis en garde contre de nouvelles contaminations de l’intérieur du pays par cette réouverture précipitée de l’école.
IV- L’APPEL DE LA COSEFCI
Au regard de tout ce qui précède et considérant qu’il faille préserver la vie des enseignants et celles de leurs familles, la COSEFCI demande au Gouvernement :
De mettre les classes intermédiaires en vacances en validant pour eux, l’année scolaire sur la base des résultats des deux premiers trimestres ;
D’étendre la distribution des cache-nez aux enseignants de l’intérieur du pays afin de les protéger de la contamination bucco-nasale ;
De fournir de façon massive les dispositifs de lavage des mains aux établissements ;
D’octroyer une prime de risque COVID-19 aux enseignants gravement exposés à la contamination du virus ;
De rechercher puis mettre en quarantaine tous ceux qui ont été en contact avec les enseignants dépistés positifs tant pendant leur retour à leurs postes que dans les villes hôtes afin d’éviter la propagation du virus ;
De mettre des centres de dépistage massif à l’intérieur du pays à l’instar de ceux d’Abidjan.
Par ailleurs, la COSEFCI demande à l’Administration Scolaire de faire preuve de bon sens dans ce contexte sanitaire complexe qui entame déjà la psychologie des enseignants en évitant de poser à l’encontre de certains, des actes susceptibles de cristalliser des tensions inutiles. Les ivoiriens n’en ont pas besoin actuellement.
La COSEFCI, conseille d’agir avec humanisme et retenue car, rien ne vaut le droit à la vie face à cette pandémie qui endeuille toujours des familles.
Enfin, la COSEFCI encourage les enseignants des écoles qui ont fourni les dispositions de sécurité sanitaire à s’acquitter de leur devoir professionnel mais dans la plus grande vigilance.
A ceux des écoles n’offrant pas encore de garanties de sécurités sanitaires, la COSEFCI leur rappelle d’éviter de prendre des risques attentatoires à leurs vies et à de celles de leurs familles car la vie n’a aucun prix.
VIVE LA COSEFCI, POUR QUE VIVENT LES ENSEIGNANTS DE COTE D’IVOIRE !
Fait à Abidjan, le 12 mai 2020
POUR LE DIRECTOIRE DE LA COSEFCI
Le Porte-Parole
AKO NOMEL Hidry