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Soro Guillaume donne de ses Nouvelles de Kinshasa-la-Belle (1ère partie)

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Soro Guillaume: ex-président de l'assemblée nationale de Côte d'Ivoire.

L’ex-président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, et député de la circonscription de Ferkessédougou, donne de ses nouvelles depuis Kinshasa-la-Belle, où il séjourne actuellement.

Lisez l’intégralité ci-dessus:

“Ce dimanche depuis ma chambre, je contemple l’aurore, dans ce beau ciel de Kinshasa la belle, si admirablement évoquée dans une chanson de Francis Bebey. J’entends au loin les puissants bruissements du majestueux Fleuve Congo, unissant les capitales des deux Congo comme pour célébrer l’unité africaine.

Je me suis réveillé tôt. En effet, hier alors que je m’étais promis de sortir (c’est aussi l’avantage d’être un chômeur du moins libre des contraintes des fonctions régaliennes) faire la fête – et l’on me dit que ça «bringue » fort à Kin, comme on dit chez nous – je me suis endormi sans crier gare, épuisé que j’étais. Un vol éreintant d’Abidjan à Kinshasa en passant par Johannesburg a eu raison de moi. Sans répit, j’ai pris en cours de déroulement la cérémonie des obsèques de feu le père Tshisekedi. Pour dire la vérité (Par ces temps qui courent la vérité est plutôt rare) je n’ai pas connu l’homme Etienne Tshisekedi. Je ne l’ai jamais rencontré. Oui bien sûr, j’entendais scander son nom du fin fond de la savane du nord ivoirien. Des échos des radios nous parvenaient les noms de Lumumba, Kasavubu, Mobutu , Tshisekedi. Ensuite Tshisekedi et Kabila, tous ces noms je les connaissais. Mais Kinshasa était trop éloignée de Katiola pour que j’en sache grand’ chose.

Me voilà à Kinshasa en ce mois de Mai. Je ne pouvais être absent. Être présent était un devoir de la fraternité africaine et pour cause! Je ne suis pas venu faire de la politique à Kinshasa. Je suis venu répondre à l’appel de la fraternité, à l’amitié. Je voudrais vous conter en quelques mots mon arrivée ici.

Je suis accueilli à l’aéroport par le gouverneur de la ville de Kinshasa (14 millions d’habitants). Oh comment ? Le nouveau gouverneur M. Gentiny Ngobila Mbaka. Ce monsieur Ngobila est un ami. Un frère. Affable, je dirai même naturellement débonnaire. Nous nous sommes toujours voués une réciproque admiration. Gentiny Ngobila est un ami fidèle à Aubin Minaku, qui est aussi mon ami et frère. Gentiny a été d’un précieux soutien. Son engagement à me défendre et défendre ma cause a été toujours été univoque et sans la moindre équivoque, aux heures où certains se délectaient à l’idée de me jeter en pâture. Je me souviens que lors des affaires des écoutes téléphoniques du Burkina, N’gobila alors simple député n’avait pas hésité à donner une grosse interview pour dénoncer la cabale. Et je n’oublierai jamais qu’à cette époque dans son interview il disait : << Personne ne pourra contrarier le destin de GKS que Dieu lui a tracé >>.

J’étais loin de m’imaginer que 5 ans après, mon ami Ngobila serait au pied de l’avion pour m’accueillir en ses grades et qualités de Gouverneur de Kinshasa. Pour les niais qui ne savent pas ce que c’est qu’un gouverneur en République Démocratique du Congo, je reviendrai sur le sujet pour leur en toucher un mot. Pour l’heure, ne nous distrayons pas. Je tiens à dire merci au Gouverneur, mon ami personnel Gentiny Ngobila Mbaka. Son destin est un exploit ! Etre gouverneur de deux provinces, Sénateur. C’est un honneur qu’il m’a fait de venir m’accueillir, car avant moi, c’est le Vice-Président de l’Ouganda qu’il accueillait et que j’ai pu saluer dans le salon d’honneur Présidentiel. Ce à quoi je n’ai pas aujourd’hui droit dans mon propre pays la Côte d’Ivoire. Où sous le régime actuel, le salon d’honneur présidentiel est devenu quasiment un lieu fétichisé, un Saint-Graal auquel n’ont accès que certains privilégiés triés sur le volet de l’exception rare. Quand tu n’es pas RHDP, ne t’y aventure pas. Pauvre de nous!

Autrefois, ce fut de ce point de vue, bien meilleur. Du moins, du temps où Gbagbo était Président. Oui, j’en atteste : à cette époque le Premier Ministre que j’étais pouvait solliciter avec succès le Salon Présidentiel. Loin de moi l’idée de vouloir dédouaner Gbagbo de tout, mais la vérité est implacable. Gbagbo ne considérait pas le salon Présidentiel comme les Illuminati considèrent le Graal. Il le considérait comme un édifice au service de l’image de marque de la Côte d’Ivoire. Du moins, c’est que j’ai pu observer. Par contre, je me souviens encore de la différence. Premier Ministre d’Ado, on me fit bien dès les débuts savoir qu’il ne fallait pas se tromper de direction à l’Aéroport d’Abidjan. Je dus ravaler ma honte quelquefois pour recevoir certains de mes hôtes de marque au salon ministériel, alors que dans leur pays ils me recevaient avec faste et grandeur. Dans d’autres pays le salon Présidentiel est en même temps le salon où les ministres, les Présidents d’institutions et certaines personnalités reçoivent les invités du pays. Ils ne sont pas dans un culte ridicule de la personnalité qui veut actuellement que quand le PR a posé ses fesses sur un fauteuil du salon Présidentiel, un autre être humain( ô sacrilège !!), personne d’autre ne devrait s’en approcher, au risque d’être frappé par le courroux d’un pré carré obséquieux et fiévreusement idolâtre. Nous sommes en 2019 ; pas au temps de Louis XIV ! Qu’on s’entende bien. Pour moi, le Président de la République est un être humain ; ni demi-dieu, ni roi. Bref, fermons la digression.

Moi, simple député de Ferké, admis au Salon Présidentiel au Congo? C’est bel et bien ce qui s’est passé. Alors qu’à longueur de journée les fidèles parmi les fidèles du RHDP ont convaincu leur Chef qu’il fallait me dépouiller, me vouer, me dénuder, m’écraser, en m’arrachant les apparats du pouvoir et que vite, très vite, je me rendrais compte que je n’étais rien sans le poste de Président d’Assemblée Nationale qu’ils m’avaient si gracieusement et généreusement offert ! Et pourtant bien d’entre eux arpentaient patiemment les couloirs de mes bureaux et à Bouaké et à Abidjan. Ils en ont certainement honte aujourd’hui et pourtant, hier ils bénissaient le ciel de me connaître. Je ne citerai pas de noms. Mais je vais vous donner un topo. Regardez bien parmi eux. Regardez bien et vous ne vous y tromperez pas. L’enseignement de l’histoire est implacable.

Je dis bien de bien regarder : ceux parmi eux (RHDP) qui m’insultent ou qui m’insulteront le plus SONT ceux justement que j’ai sauvé de la clochardisation. Ils se comportent comme les convertis de la 25ème heure. Mal à propos, donnant toujours dans la démesure. IL s’agit en réalité de ceux des hauts cadres qui ont été mes ministres les plus soumis. Ils sont comme préformés par nature à la soumission. Avec cette donne qu’au fur et à mesure, ils continuent et deviennent de plus en plus soumis. Oui, ils ploient sous le joug de la soumission. Ils ont hélas convaincu le CHEF, le DEMI-DIEU qu’ils étaient propriétaires de la Côte d’Ivoire et peut-être du continent Africain tout entier. Oui, ils sont – dans leur logique – les chefs de l’Afrique. Ils ont l’argent et ils ont de grands diplômes. En somme, ils sont inattaquables. Il leur suffit d’un simple coup de fil comme celui qu’ils avaient donné au Président Sassou Nguesso, lui interdisant de me recevoir à Brazzaville pour qu’AUCUN chef d’Etat ne s’aventure à me recevoir, entendais-je dire ! La puissance du téléphone! La puissance des coups de fil! Comme tout récemment quand le Président Alpha CONDÉ est venu à Abidjan en visite d’Etat, on lui a interdit clairement de voir SORO Guillaume. Oui il y a une fatwa. Interdit de voir SORO. Que c’est bien ridicule. Pourtant je suis témoin d’autres temps et d’ autres décors. Il n’y avait pas de veto pour qu’un opposant soit reçu par d’autres chefs d’Etat. Certains même appelaient pour demander la conduite à tenir et c’était RAS. Hélas, nous sommes en 2019 : les ouailles d’aujourd’hui réunies autour de leur CHEF, au lieu de tenter l’apaisement et la retenue, sont plutôt en extase et très admiratifs du téléphone portable foudroyant du CHEF. C’est semble-t-il son sésame fétiche. Un seul coup de fil et tu es mort ou vivant. Les ouailles vantent les faits et les méfaits du téléphone du chef. A peine une des ouailles s’exclame que le téléphone du chef est trop puissant que les ouailles partent en éclats de voix, riant les gorges déployées et les moqueries et autres quolibets s’intensifient. Une ouaille que je connais particulièrement et que je ne nommerai point est toujours la dernière à s’étouffer de rigoler. Elle est tellement consciente du jeu qu’elle a ses cachets de sécurité, au cas où le rire dégénérait. Alors L’alcool coule bien sûr à flot, ou que dis-je safroulahi le gnamankoudji coule à flot parce qu’il faut bien dire que normalement, pour de bons musulmans, l’alcool est interdit. Le regain de piété ces temps-ci est visible dans certains milieux habituellement abonnés à la villégiature. Les lieux de culte semblent être soudain devenus pour certains des espaces de prestidigitation pour comédiens de la foi. On ne sait plus si on y va pour prier ou pour tourner des séries dignes des films hollywoodiens.

Revenons au récit de mon accueil. Me voilà donc en tout cas avec mon ami gouverneur, dont je suis fier à l’aéroport de Kinshasa. Pour me conduire à l’hôtel, ai-je cru un instant. Que non. J’entendais le bruit de motards et autres sirènes et je pensais qu’une délégation officielle nous rattrapait. Je fais donc signe au chauffeur de parquer de côté et laisser les grands patrons passer. Le chauffeur insiste :

– Non, ce sont les motards qu’on a prévus pour vous, Honorable.
– Ah bon, tous ces motards pour moi ?

Je suis songeur, un peu mélancolique.
⁃ Honorable, nous ici au Congo, on vous admire. Vous êtes un modèle pour nous, nous prions pour vous pour que vous soyez le prochain.

Je me garde bien de commenter. Mais le chauffeur est irrésistible et volubile. Je commence à rêvasser et je me dis que Si certains l’entendaient à Abidjan, ils l’étrangleraient…

Il y a longtemps que j’ai oublié tout ça dans mon pays. Mais je me soumets. On me fait ensuite savoir qu’une généreuse donatrice dont je ne peux révéler le nom m’a attribué une grosse villa dans un quartier huppé de Kinshasa. Cette dame a toujours eu de l’affection pour moi et a tenu à contribuer à sa façon à mon accueil. Je la remercie du fond du cœur et je remercie mon ami Okissi Richard, ami de toujours qui a fait la coordination et qui se chargera de faire lire ces quelques lignes à mon hôte. Ouf : installé comme un prince. On m’informe que je peux me rendre sur les lieux de la cérémonie. Sur la route pour le stade, que de ferveur dans les rues ! Le peuple de Kin est mobilisé pour réserver des funérailles dignes au héros national Étienne Tshisekedi. Je découvre les rues et larges avenues de Kinshasa. De ma vie, c’est la seconde fois que je séjourne à Kinshasa. La première fois en 2013 en tant que Président de l’Assemblée Nationale, à l’invitation de mon homologue et ami Aubin Minaku, qui m’avait réservé un séjour princier. Et cette fois-ci, où je suis venu sacrifier africamment à l’appel de la fraternité. Je vous disais que je ne connais pas le défunt! Mais je connais son fils Son Excellence le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Permettez-moi de vous en parler dans ma prochaine nouvelle.”

Bien à tous,
Guillaume Kigbafori SORO

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Internationale

Le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko, recadre Emmanuel Macron

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Monsieur Ousmane Sonko, actuel Premier Ministre Sénégalais

Lors de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs à l’Élysée le 6 janvier 2025, Emmanuel Macron a consacré une large partie de son intervention à l’Afrique. Il a abordé les relations historiques, les défis actuels et les orientations stratégiques de la France.

Dans son allocution affirmait entre outres que « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée » ou encore « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence », Il expliquait également “Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », indiquant que plusieurs de ces pays « ne voulaient pas enlever l’armée française ni la réorganiser ». A la suite de cette sortie jugée irrespectueuse et irresponsables par plusieurs analystes politiques, le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko a réagi pour à porter un démenti cinglant, recadrant de ce fait le président français.

Selon Monsieur Sonko  » Le Président Emanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France. Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains.

Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain. Il déclare, enfin, « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée ». Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté.

Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel.

C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats Africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, Allemande. »

Saint Leo @Leadernewsci

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Nationale

Côte d´Ivoire: A qui appartiennent les 3.000 Tonnes de Nitrate d´ammonium?

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Le Zimrida, un bateau battant pavillon pour la Barbade, doit accoster ce lundi 06 janvier 2025 dans le port d’Abidjan dans la capitale économique de la Côte d´Ivoire. Chargé de 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, une matière dangereuse qui a dévasté une partie du port de Beyrouth au Liban.

Le navire doit déchargé au port à Abidjan 3 000 tonnes du produit hautement explosif, selon un communiqué des autorités portuaires qui expliquent que cette matière utilisée comme « fertilisant dans l’agriculture ».

Selon le média français, France 24 « À la suite d’allégations faisant état d’une avarie de la cargaison transportée et par précautions en vue de protéger les populations et les biens », le port annonce que le navire restera pour l’heure « en rade extérieure, en dehors des eaux ivoiriennes ».

Pour de nombreux ivoiriens le Zimrida pourait cacher un autre Porbo Koala, le cargo affrété par la société suisso-néerlandaise Trafigura, qui avait débarqué à Abidjan plus de 500 m3 de déchets hautement toxiques issus d’hydrocarbures.

Les autorités ivoiriennes qui ont du mal à rassurer la population, ont prévu une réunion ce lundi matin avec le propriétaire de la marchandise et le transporteur du dangereux produit pour disent-ils un examen approfondi.

Saint Leo @leadernewsci

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Politique

Alassane Ouattara a-t-il réellement annoncé le depart de l´armée française?

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L´armée française ne quittera pas la Côte d´Ivoire de ci-tôt, en tout cas, il n´en n´est pas question pour l´heure. Cette réalité relayée à démi mot par le confrère français Lemonde a été une douche froide pour les nombreux ivoiriens qui ont mal interprété l´annonce du chef de l´Etat Son Excellence Alassane Ouattara.

En effet, dans son allocution traditionnelle de fin d´année, le président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession de la base militaire française du 43e BIMA (Bataillon d’Infanterie de Marine) située dans la commune abidjanaise de Port-Bouët. Il n´est donc pas question d´un retrait définitif des Forces Française en Côte d´Ivoire.

Notre confrère le monde confirme cette analyse en affirmant qu´ « En Côte d’Ivoire, la présence militaire française s’allège mais ne disparaît pas ». Cet allègement fait partie de la stratégie de présence militaire de la France, éviter toute présence ostentatoire en Afrique. Il s´agit de remodeler la disposition militaire. Pour l´heure, bien malin est celui qui saura dire jusqu´où ira l´ambiguïté stratégique française.

L´armée française est de plus en plus affaiblie sur le continent africain ou elle n´a pas bonne presse. Elle a été chassée dans trois de ses anciennes colonies que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui forment l´AES (Alliance des Etats du Sahel).

Saint Leo @Leadernewsci

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