Charles Blé Goudé sur France 24 : « J’ai l’ambition de diriger un jour mon pays »
Invité de France 24, Charles Blé Goudé, l’ex-leader de la Galaxie patriotique a dévoilé son ambition de revenir en Côte d’Ivoire pour proposer son offre politique. Il a également enfin reconnu la victoire de Ouattara aux élections présidentielles de 2010.
Dans un entretien avec France 24, Charles Blé Goudé, l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), exprime son désir de rentrer en Côte d’Ivoire et d’y jouer un rôle politique en tant qu' »acteur principal ». Charles Blé Goudé, ancien ministre de Laurent Gbagbo, a accordé un entretien depuis La Haye à France 24. Il fait part de ses ambitions en Côte d’Ivoire sans pour autant se prononcer sur une éventuelle candidature à la présidentielle de 2020.
Charles Blé Goudé s’inquiète par ailleurs de la détérioration du climat politique en Côte d’Ivoire et craint que les violences qui ont émaillé les élections, entre 2010 et 2011, se reproduisent. Il appelle les dirigeants de son pays à se comporter en « hommes d’État » plutôt qu’en « politiciens ». Enfin, il nie être anti-français et se prononce en faveur du maintien de la présence française dans son pays sur la base d’un partenariat « gagnant-gagnant ».Charles Blé Goudé ne se prononce pas sur une possible candidature présidentielle en 2020, affirmant qu’il a le temps pour proposer une vraie alternative et œuvrer à la réconciliation. Mais il ne s’en « cache pas du tout » : « J’ai l’ambition de diriger un jour mon pays avec une équipe qui comprendra qu’il faut faire la politique autrement en Côte d’Ivoire », confie-t-il à notre journaliste Marc Perelman. Il appelle également au retour au pays de l’ex-président Laurent Gbagbo, lui aussi acquitté par la CPI.
Un extrait de l’interview:
Journaliste : Êtes vous parmi ceux qui pensent qu’Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henry Konan Bédié doivent passer le relais ?
Blé Goudé : Malheureusement ce n’est pas moi qui décide de cela, la Côte d’Ivoire a une loi électorale et je suis toujours attaché aux règles et aux lois. Le peuple décidera de qui conduire sa destinée. Il ne faut pas personnaliser le débat politique en Côte d’Ivoire et le polariser sur des personnes.
Journaliste : Je vais quand même le faire, je vais poser une question sur quelqu’un de votre génération. Est-ce qu’on peut considérer Soro Guillaume comme un leader potentiel, plus jeune ?
Blé Goudé : C’est un acteur potentiel en Côte d’Ivoire, qu’on l’aime ou pas, il fait partie des hommes politiques ivoiriens, Maintenant entre ce que l’homme politique veut et ce que la population est prête à accepter il y a un hiatus. On propose une offre politique, un projet de société et il revient à la population de décider. Mais on ne peut pas avoir des gens assis dans leur salon et qui vont décider de notre avenir parce qu’ils se sont octroyés la légitimité de ce qu’on doit penser, de ce qu’on doit dire et de ce qu’on doit faire. Ce n’est pas à moi de le dire. Il est un homme politique, c’est un fait. Maintenant est-ce que c’est un bon homme politique ? ,est-ce que c’est un homme politique que les Ivoiriens doivent prendre comme président ? C’est leur responsabilité.
Journaliste : Est-ce qu’Alassane Ouattara doit se représenter ?
Blé Goudé : Je vais vous répéter exactement la même chose. Alassane Ouattara voici bientôt 10 ans qu’il est au pouvoir. Les Ivoiriens l’ont vu agir. Ils l’ont observé dans sa gestion des libertés, sa gestion de l’économie, dans sa manière de concevoir la société ivoirienne. À la fin c’est à eux de décider s’ils veulent continuer avec lui ou non premièrement, deuxièmement que dit la loi ivoirienne ?
Moi je ne mène pas les combats de personne, je veux qu’un système change, que mon pays change, qu’on tire les leçons de ce qui nous est arrivés. J’ai eu beaucoup de temps pour faire le bilan, je ne veux plus recommencer les mêmes choses en polarisant les questions d’État sur les individus. Venons en aux projets, à l’offre politique, aux actions, à l’idéologie et à la vision de ces hommes d’Etat. Un homme d’État il bâtit dans le temps, il construit, il prépare pour les générations futures. Un politicien il prépare les élections futures. En Côte d’Ivoire, j’ai bien peur qu’on ait plus affaire aux hommes politiques et qu’on manque d’hommes d’État. Les Ivoiriens ont besoin d’être soignés, d’une éducation et ont besoin de ressentir la croissance dans leur assiette. C’est de cela qu’il s’agit. Les gens qui fuient la Côte d’Ivoire et qui traversent la méditerranée au prix de leur vie pour venir en Europe pour être ouvrier, Ils fuient la misère et le désespoir. C’est cela que ma génération veut changer.
Journaliste : Vous avez été accusé d’être anti-français, est-ce un mauvais procès qu’on vous fait ou admettez-vous l’avoir fait ? C’est quelque chose que vous regrettez ou que vous assumez ?
Blé Goudé : Je veux parler avec les autorités françaises des relations franco-ivoiriennes et de l’avenir de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas moi qui ai bâti nos relations historiques. Je veux qu’on ait des rapports gagnant gagnant, que la France tienne compte des intérêts français et ivoiriens en Côte d’Ivoire et un respect entre États. C’est tout ce que j’ai demandé et je ne crois pas que cela puisse être synonyme d’être anti-français.
L.Y