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Y a-t-il une opposition en Côte d´Ivoire?

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Danielle Boni Claverie, Presidente de l´Union Républicaine pour la Démocratie (URD)

Ce lundi 11 juillet 2022, Mme Danielle Boni Claverie faisant une revue de l´actualité politique du pays, est revenue sur le vote de l´opposition en faveur de M. Adama Bictogo au poste de président de l´Assamblée Nationale. La présidente de l´Union Républicaine pour la Démocratie craint la collusion et ou la compromission des partis d´opposition.

Qui ne se réjouit du « contexte politique apaisé », de « la fraternité totale retrouvée » et du retour à l’option consensuelle qui ont cependant besoin de garde-fou pour nous éviter de retomber dans la pensée unique. Le dialogue d’Houphouët-Boigny recherchait l’unanimité (autres temps, autres mœurs) alors que le dialogue démocratique s’enrichit de débats contradictoires et de confrontation d’idées.

L’opposition est sincère dans sa volonté d’aller à la réconciliation parce que c’est le seul moyen pour elle de mettre un terme aux cycles de violence que nous avons connus et aux violations des droits humains qui se perpétuent. Cependant, se targuer d’apaisement à la veille d’élections locales, ne risque-t-il pas de faire voler en éclats cette entente de façade et de mettre à nu les ambitions légitimes des uns et des autres.

Qu’est ce qui nous a menés subitement à croire qu’en offrant un vote unanime de soutien à la présidence Rhdp de l’Assemblée Nationale, nous scellions un nouveau consensus avec le Pouvoir ? Par principe, nous aurions dû voter contre le candidat de la majorité et présenter nous-même une personnalité. Dans un esprit de réconciliation, nous devions tout au moins nous abstenir. C’est une faute politique qui affaiblit un peu plus l’opposition et fait se demander à de nombreux militants et sympathisants si notre émiettement ne nous pousse pas à devenir invisibles donc inexistants en tant que force.

“ 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐨𝐮𝐢 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐜𝐢𝐥𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐧𝐨𝐧 𝐚̀ 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐥𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐫𝐨𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬.“

Une opposition doit savoir rester un contre-pouvoir et son rôle est d’obliger les gouvernants à respecter l’expression démocratique, la bonne gouvernance, l’équité judiciaire pour une meilleure prise en compte des aspirations des populations. Sa fonction repose sur la critique et la dénonciation de ce que le gouvernement fait mal ou ne fait pas du tout d’où la nécessité pour elle d’être une force de propositions pertinentes et visionnaires.

D’où viendrait-il qu’au nom de la réconciliation et de la recherche de la paix en Côte d’Ivoire, l’opposition devrait accompagner le parti au pouvoir ? Nous avons déjà fait des concessions énormes au détriment de la compréhension de nos militants et de nos sympathisants. En refusant la politique de la chaise vide, nous avons accepté de participer aux élections législatives et avons de cette manière légitimé des Institutions que nous avions combattues notamment l’Exécutif. Ce qui nous a discrédités aux yeux de nombre de nos compatriotes.

Cette légitimation suivie du Dialogue politique a tracé une dynamique d’apaisement qu’il nous faut certes entretenir sans cependant accepter aucune compromission. D’autant que le dernier Dialogue a été un jeu de dupes qui pour le moment n’a donné aucun résultat. Aucun comité de suivi n’a été mis en place. Les 2 postes de Vice-Présidents dont s’est pourvue la CEI indique bien le déséquilibre voulu au sein de cette Institution qui reste un instrument électoral au service du Pouvoir.

Nous ne sommes pas dans un régime parlementaire où certains rapprochements factuels sont envisageables et acceptables.

Si nous refusons l’idée de nous « opposer radicalement », méfions-nous du « construire ensemble » et cherchons plutôt à insérer nos actions dans une « confrontation constructive » pour résoudre effectivement nos problèmes. Et ils sont nombreux.

L’image de la Cote d’Ivoire est sévèrement écornée par un banditisme en col blanc mollement combattu sous le couvert d’une opération « mains propres », mort-née. Quant à la 1ère vague d’arrestations anti-drogue, elle montre à quel point notre pays est gangrené surtout quand elle se double d’une évasion aussi rocambolesque qu’invraisemblable à la Maca. La Côte d’Ivoire, nous dit-on, serait le 2ème pays pourvoyeur en immigrés qui n’hésitent pas à affronter la mort pour atteindre un eldorado inexistant. Hier encore, au Maroc et à Melilla sur les côtes espagnoles, de jeunes africains se sont fait arroser à l’arme de guerre comme des plants de tomates. Que faisons-nous pour donner de l’espérance à nos jeunes ?

Certes, la cherté de la vie frappe quasiment toutes les nations du monde mais quelle est notre capacité de résilience pour que le roseau courbé ne se casse pas. Avant de connaître le blé, nous utilisions la farine de manioc, le mil, etc. Comment se fait-il que nous n’arrivions pas à être auto suffisants en riz depuis plus de 60 ans et cela malgré un Ministère du riz, éphémère… Faut-il se contenter de consommer et se taire face à des coûts de péage en inadéquation avec le pouvoir d’achat des Ivoiriens.

Le 14 juillet, nos 3 géants de la politique ivoirienne vont se rencontrer. Disons-le tout net, nos compatriotes ne vont pas se contenter d’accolades plus ou moins chaleureuses, de main dans la main ou de sourires fussent-ils éclatants. Nos compatriotes veulent des réponses tangibles à leurs préoccupations listées au cours du Dialogue politique et jusqu’ici restées sans réponse. Tous les prisonniers doivent sortir, civils et militaires. Le cas de Soro Guillaume ne doit pas être escamoté et il serait regrettable que l’on nous ressorte les vieilles ficelles d’un gouvernement de réconciliation ou d’union nationale où quelques postes distribués parcimonieusement mettraient l’opposition au garde à vous. Il ne suffit pas de se retrouver, le fiasco de la rencontre des anciens chefs d’Etat au Burkina Faso nous montre les limites de ces entretiens comme vecteurs de réconciliation. Souhaitons que grâce à un ordre du jour précis, la rencontre du 14 juillet aboutisse à éclaircir le ciel orageux de la Côte d’Ivoire.

Danièle Boni-Claverie

Présidente de l’URD.

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Internationale

Le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko, recadre Emmanuel Macron

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Monsieur Ousmane Sonko, actuel Premier Ministre Sénégalais

Lors de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs à l’Élysée le 6 janvier 2025, Emmanuel Macron a consacré une large partie de son intervention à l’Afrique. Il a abordé les relations historiques, les défis actuels et les orientations stratégiques de la France.

Dans son allocution affirmait entre outres que « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée » ou encore « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence », Il expliquait également “Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », indiquant que plusieurs de ces pays « ne voulaient pas enlever l’armée française ni la réorganiser ». A la suite de cette sortie jugée irrespectueuse et irresponsables par plusieurs analystes politiques, le Premier Ministre Sénégalais Ousmane Sonko a réagi pour à porter un démenti cinglant, recadrant de ce fait le président français.

Selon Monsieur Sonko  » Le Président Emanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France. Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains.

Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée. Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain. Il déclare, enfin, « qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée ». Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté.

Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel.

C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats Africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, Allemande. »

Saint Leo @Leadernewsci

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Nationale

Côte d´Ivoire: A qui appartiennent les 3.000 Tonnes de Nitrate d´ammonium?

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Le Zimrida, un bateau battant pavillon pour la Barbade, doit accoster ce lundi 06 janvier 2025 dans le port d’Abidjan dans la capitale économique de la Côte d´Ivoire. Chargé de 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, une matière dangereuse qui a dévasté une partie du port de Beyrouth au Liban.

Le navire doit déchargé au port à Abidjan 3 000 tonnes du produit hautement explosif, selon un communiqué des autorités portuaires qui expliquent que cette matière utilisée comme « fertilisant dans l’agriculture ».

Selon le média français, France 24 « À la suite d’allégations faisant état d’une avarie de la cargaison transportée et par précautions en vue de protéger les populations et les biens », le port annonce que le navire restera pour l’heure « en rade extérieure, en dehors des eaux ivoiriennes ».

Pour de nombreux ivoiriens le Zimrida pourait cacher un autre Porbo Koala, le cargo affrété par la société suisso-néerlandaise Trafigura, qui avait débarqué à Abidjan plus de 500 m3 de déchets hautement toxiques issus d’hydrocarbures.

Les autorités ivoiriennes qui ont du mal à rassurer la population, ont prévu une réunion ce lundi matin avec le propriétaire de la marchandise et le transporteur du dangereux produit pour disent-ils un examen approfondi.

Saint Leo @leadernewsci

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Politique

Alassane Ouattara a-t-il réellement annoncé le depart de l´armée française?

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L´armée française ne quittera pas la Côte d´Ivoire de ci-tôt, en tout cas, il n´en n´est pas question pour l´heure. Cette réalité relayée à démi mot par le confrère français Lemonde a été une douche froide pour les nombreux ivoiriens qui ont mal interprété l´annonce du chef de l´Etat Son Excellence Alassane Ouattara.

En effet, dans son allocution traditionnelle de fin d´année, le président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession de la base militaire française du 43e BIMA (Bataillon d’Infanterie de Marine) située dans la commune abidjanaise de Port-Bouët. Il n´est donc pas question d´un retrait définitif des Forces Française en Côte d´Ivoire.

Notre confrère le monde confirme cette analyse en affirmant qu´ « En Côte d’Ivoire, la présence militaire française s’allège mais ne disparaît pas ». Cet allègement fait partie de la stratégie de présence militaire de la France, éviter toute présence ostentatoire en Afrique. Il s´agit de remodeler la disposition militaire. Pour l´heure, bien malin est celui qui saura dire jusqu´où ira l´ambiguïté stratégique française.

L´armée française est de plus en plus affaiblie sur le continent africain ou elle n´a pas bonne presse. Elle a été chassée dans trois de ses anciennes colonies que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui forment l´AES (Alliance des Etats du Sahel).

Saint Leo @Leadernewsci

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