Depuis le décès du Président Félix Houphouët Boigny toutes crises ivoiriennes sont nées originellement des différends juridiques, qui ont entraînés des différends politiques et débouchés sur des conflits armés, affrontements civils… Soit on se conteste un droit (un article bien précis) ou on conteste le Droit (la constitution).
Ce constat soulève quelques questions :
Notre législation est fragile et/ou floue ?
Le politique a-t-il un primat sur le juridique ? Sommes-nous dans une jungle où le plus fort exerce le Droit ?
Autant de questions qui restant ouvertes interdisent des réponses tranchées ou tranchantes.
Les troubles nés de ces différends ont toujours été ensanglantés, ont endeuillé des familles, occasionné des dégâts matériels et bien d’autres délits dans chaque camp antagoniste, même très souvent chez le neutre, laissant la place au silence de la nuit.
C’est à ce moment que le pouvoir Judiciaire devrait entrer en scène pour situer les responsabilités et les condamner quel que soit le camp à la lumière de notre législation, du droit de l’homme et du droit international humanitaire (en cas de conflit armé) dans la vérité afin de prévenir toutes ces velléités. Cependant c’est plutôt le plus fort du combat qui se mue en juge, cherchant les responsabilités uniquement de l’autre côté, installant ainsi la justice des vainqueurs puisque chaque parti vient au pouvoir avec son personnel de justice. Triste effectivité quoique putative !
C’est ce cumul d’injustices endormies, des haines écumées, des ressentiments non avoués, de conflits mal réglés et/ou gérés qui est le problème fondamental dont souffre la côte d’ivoire et qui le plonge dans un cycle de crises depuis des décennies, où des personnes frustrées assoiffés de justice n’attendent qu’un petit claquement de doigt pour se faire justice. Les cas de Béoumi en 2018, et la crise préélectorale en 2020 où l’on se discutait les articles (55 et 183) illustrent bien ces réalités suscitées et dénoncées.
Au demeurant, Ce qui est déplorable nous sortons toujours par ces crises que par des solutions politiques (compromis, arrangements, amnistie…) qui ne traitent que la forme du problème jamais le fond ; cherchant ainsi une réconciliation et une paix durable.
Est-il possible de faire une réconciliation vraie et vivre une paix durable sans une justice vraie ?
Enfin c’est là que se trouve le nœud de l’imbroglio que nous vivons il y a belle lurette pour ma part, contrairement à ceux qui pensent le changement de la classe politique arrangerait la situation, d’ailleurs se trouve leur solution impertinente, enfantine et très médiocre ; aucun des grands n’ira à la retraite avec son parti politique et ses modèles.
Cherchons donc plutôt à rendre notre constitution forte claire, résiliente et renforcer nos institutions pour ne pas reprendre rendez-vous avec la bêtise en 2025.
Ben Bagnon
Écrivain, essayiste, analyste politique