C’est un scandale embarrassant pour le Credit Suisse (CS): Iqbal Khan, ex-chef du département des actifs, qui passe à UBS, a été surveillé par des détectives et aurait été attaqué par eux. Tout semble croire que l’initiative avait pour but de l’empêcher Khan de recruter de bons employés chez CS pour le compte de UBS. Qui au CS a ordonné cette surveillance?
Le président du conseil d’administration de Credit Suisse, Urs Rohner, se donne deux semaines pour toute la lumière sur cette question. C’est déjà clair: Cette affaire pourrait concerner des hauts cadres de la banque. En effet, le mandataire des détectives serait le Chef du Servive de Sécurité du CS et son superviseur, le COO Pierre-Olivier Bouée.
Et le fait que Bouée ait été au courant laisse entrevoir l’ombre de son meilleur ami au CS, le CEO (PDG) Tidiane Thiam, himself, derrière la manoeuvre.
Ainsi, cette surveillance serait le résultat direct de la lutte de pouvoir entre Thiam et Khan. Et ça pourrait aller bien loin. Maintenant comment va réagir Rohner, qui était autrefois parrain de Thiam?
Un processus incroyable: le Credit Suisse aurait laissé son agence de détective surveiller son ancien responsable du département de gestion d’actifs, Iqbal Khan (43 ans) après le départ de celui-ci pour l’UBS. Le scandale est apparu au grand jour parce que le bureau d’investigation « Investigo » s’est non seulement fait prendre au cours de la surveillance, mais s’est également heurté physiquement à Khan (rapporte BLICK).
Pour Urs Rohner (59 ans), président du conseil d’administration de CS, l’affaire pourrait se transformer en catastrophe. Il a expliqué que, faire la lumière sur ce scandale reste une préoccupation majeure pour la banque. Eloigné de tout ce qui concernent les activitös opérationnelles, il entend bien s’informer de tous les dötails de cette opérarion. Il a appris beaucoup de choses sur le scandale des médias et doit maintenant se faire une idée avant de pouvoir imposer des sanctions ou même de tirer des conséquences personnelles. Pendant au moins deux semaines, la banque lui donne du temps, comme l’a appris Blick.
La question centrale est de savoir qui a commandité la surveillance de l’ancien haut cadre? La réponse est évidente: le chef de la sécurité de la banque. Mais commencerait-il quelque chose à l’insu de son supérieur direct? assurement non. Alors se dessine un scénario qui secoue tout le sommet du Crédit Suisse.
L’acte 1 est une lutte de pouvoir, comme indiqué par BLICK: Iqbal Khan se brouille avec le PDG, Tidjane Thiam (57 ans), et doit quitter la banque lors de l’épisode ou du moins doit la laisser à des conditions exceptionnellement avantageuses. le drame aurait pu se terminer là: Khan part, Thiam reste.
Mais ce scenario laisse planer des zones d’ombre sur l’acte 2: La surveillance, qui la commande? C’est là qu’intervient le français Pierre-Olivier Bouée (48), le Chief Operating Officer (COO) de la CS. Le COO est, pour ainsi dire, l’intendant de la direction, celui qui veille à ce que toutes les activités d’une grande banque puissent être gérées de la manière la plus harmonieuse possible. Cela inclut également la sécurité de la banque. Bouée est également le chef d’état-major du CS-Boss Thiam, et un compagnon proche dans la vie professionnelle de l’ivoirien, un « Copain » du CS-Boss Thiam, comme le dirait les français.
Jusqu’en 2000, les deux hommes gravissent ensemble les échellons de top manager. À cette époque, Bouée, et Thiam commencent chez McKinsey. Peut-être que la relation remonte encore plus loin, à l’époque où ils étaient tous deux fonctionnaires. Bouée travaillait au ministère des Affaires économiques de son pays à la fin des années 90. Thiam était à l’époque ministre de la Planification et du Développement de la Côte d’Ivoire. Un pays étroitement lié à la puissance colonisatrice, la France.
Tidiane Thiam et son chef d’Etat-major Pierre Bouée (en medaillon). « L’ascension commune rend les deux riches et puissants. Ils n’aiment pas la contradiction, selon les initiés »
À partir de 2000, les deux hommes entament une carrière classique de Manager. le plus jeune Bouée, manage ä un échellon moindre que Thiam. De chez McKinsey, le chemin les conduit à la banque suisse Credit Suisse, en passant par les assureurs Aviva et Prudential. Quand Thiam signe son contrat à Zurich, alors âgé de quatre ans, il emmène immédiatement Bouée avec lui. L’ascension commune rend les deux riches et puissants. Ils n’aiment pas la contradiction, selon les initiés. En tant que chef d’état-major, c’est entre les mains de Bouée que se döcide qui est admis à rencontrer Thiam – et qui ne l’est pas.
La question évidente: si Bouée savait quelque chose au sujet de la surveillance de l’appartemment rebelle Khan, qu’en saurait son proche Copain Thiam?
L’acte 3 en est la lumière sur cette affaire: que pourrait faire le président Urs Rohner contre le duo de pouvoir francophone? Et s’il s’avérait que l’ordre de surveillance venait de la de la direction executive, Rohner pourrait-il se permettre de rélever la responsabilité d’un « Copain », peut-être même le mettre à la rue? Comment l’autre personne réagirait-elle face au copain responsable?
Les deux concernés, Thiam et Bouée, sont donc sur la scellette, surtout que Thiam et son ancien parrain Rohner, selon les coulisses n’ont longtemps plus le foin sur la même scène. Mais Röhner est aussi dans une situation désagréable.
Rohner, l’ancien parrain de la mère Thiam, est également dans une situation inconfortable.
Pour terminer, la menace de l’acte 4 du drame: Le crépuscule des dieux au Credit Suisse. Et tout cela à cause d’une lutte pour le pouvoir et parce que quelques détectives ont tout gâché.
Traduction Hervé Christ, Leadernews Europe
Source Blick CH